Pourquoi la grimpe avec vos enfants en salle de bloc un dimanche après midi, c’est nul

« Espace commercialisé, enfants abandonnés ». Quand ce père excédé m’a sorti cette phrase, je n’ai pas tout de suite compris où il voulait en venir. De fait, nous avions tous deux commis la même erreur : choisir en ce pluvieux dimanche après-midi d’emmener nos enfants au sec pour une séance dans une salle d’escalade de Montreuil, en région parisienne.

Après tout, avec ce temps, quoi de mieux qu’une séance de grimpe pour les gosses ? Surtout que cette salle, comme ses concurrentes, propose un « espace enfant » avec des prises adaptées. Sauf que voilà, je sais désormais que c’est une très très mauvaise idée. Et ce pour trois raisons.

La foule des grands jours

D’une part, tous les parents des apprentis grimpeurs ont la même idée. Conséquence, c’est la foire d’empoigne, tout le monde se rue sur les parois et à la réception personne pour vous dire que non, c’est plein, ça va pas être possible. Après il est envisageable que la limite du nombre de personnes qui puisse être accueillie dans ces locaux n’ait pas été atteinte.

Je ne sais ce que dit le règlement intérieur de cette salle sur ce point. Ce que je sais c’est qu’ailleurs le règlement intérieur exige des responsables qu’ils interdisent l’accès à la salle « lorsque le nombre d’utilisateurs dans la salle atteint le chiffre réglementaire au regard de la réglementation ERP » (Etablissement Recevant du Public).

Mais côté ressenti, indépendamment de ce que prescrit la loi, c’est juste horrible cette sensation d’être dans une boite à sardine, avec le coté industriel que cela suppose. De la grimpe d’abattage, je dirais.

Un tiers de l’espace enfant inaccessible

Surtout que cela n’empêche en rien le business de tourner « as usual ». Vous pensiez qu’une fois l’espace enfant atteint vous en seriez maître ? Que nenni. Car il vous faut compter avec les prestations anniversaires, qui préemptent un bon tiers du mur d’escalade.

Par deux fois dimanche après midi l’espace enfant a été privatisé pour une heure afin de permettre à des parents qui paient plus, de bénéficier de plus de place pour leur progéniture, et leurs amis. Oui, c’est comme chez Mc Donald, sauf que là en plus de la table, vous avez droit à un bon bout de salle d’escalade. Conséquence : encore moins de place pour évoluer pour le pékin moyen.

Et sur le plan de la pédagogie, difficile d’expliquer à ses propres enfants que comme y a un anniversaire, ça va pas être possible de s’extraire de la foule pour aller faire deux ou trois voies du côté des privilégiés, là ou il n’y a pas grand monde justement.

« Espace commercialisé, enfants abandonnés »

Mais pour finir, tout ceci – la surpopulation, la privatisation d’un espace de jeu déjà très restreint – n’est rien au regard de la troisième raison pour laquelle il faut fuir ces salles le weekend.

« Espace commercialisé, enfants abandonnés ». Au premier gamin qui passe en courant et en hurlant sous le votre qui évolue sur le mur, vous vous dites qu’il a du échapper à la surveillance parentale. Au cinquième, vous comprenez que l’immense majorité des parents sont installés dans l’espace restauration de la salle, ou consultent avec la plus grande concentration leur smartphone, et laissent tranquillement se défouler leurs gosses, en toute inconscience.

Impossible dans ces conditions de faire une séance d’escalade digne de ce nom avec des enfants. Le danger de collision est trop important.

Bien sûr, un règlement intérieur affiché près de la caisse indique que les enfants doivent être sous la responsabilité des parents. Mais tout le monde s’en fout complètement je pense. Parents comme responsables de la salle. Après tout, tout ceci est payant. Les parents considèrent qu’il ont lâché de la tune pour être un peu tranquille devant leur conso et leur écran. Les responsables de salle doivent eux penser que ce bordel est le prix à payer pour faire du chiffre. En entrées et en consommations.

Joies et limites de l’autorégulation

En fait, c’est quand mon collègue de corvée a littéralement pété un plomb que tout cela est devenu intéressant. Pour la quinzième fois un groupe de six gamins laissé à lui même venait de percuter son gosse, à qui il tentait d’expliquer comment lire une voie. Ces charmant bambins jouaient à « chat » sur les gros tapis qui servent a amortir les chutes.

Tout à sa colère, il les a copieusement engueulés, assez fort pour que leurs parents qui se prélassaient de l’autre côté de la salle, dans l’espace « détente », daignent lever un œil au dessus de leurs écrans.

Là, tout le monde a compris que ce mec était un bien mauvais coucheur qui rompait ce fragile pacte tune / abandon des enfants à eux même. Les parents fautifs ont décidé que la récrée était finie et qu’il était temps d’y aller. Et comme un bienfait ne vient jamais seul, coïncidence certainement, l’espace anniversaire a disparu d’un coup, laissant nettement plus de place à tout un chacun pour pratiquer.

Et vu l’invisibilité des responsables de la salle tout au long de l’après-midi au niveau de l’espace enfant (sauf pour installer les panneaux « Attention – espace réservé aux anniversaires » de temps à autre), je parie qu’eux même sont à fond sur l’autorégulation basée sur la grosse colère de certains parents. Ça leur fait moins de trucs pénibles à gérer, et c’est autant de temps gagné à passer près de la caisse enregistreuse.

Pour aller plus loin sur ce sujet

2 réflexions au sujet de “Pourquoi la grimpe avec vos enfants en salle de bloc un dimanche après midi, c’est nul”

  1. Malheureusement je ne peux que vous rejoindre sur le « je m’en foutisme » des responsables de salle.
    Petite anecdote : lors d’une séance de bloc en semaine, j’ai vu débarquer des scolaires, une bonne trentaine, et un seul prof/encadrant identifié, et visiblement pas formé du tout à la grimpe et aux notions basiques de sécurité. Les gamins se sont mis à courir partout, à faire n’importe quoi, à grimper n’importe où. J’ai tenté de leur expliquer les règles basiques, sans succès, et j’ai fini par quasiment en écraser un en chutant. On n’est pas passé loin de se faire mal, le gosse comme moi. J’ai fini par aller à la réception pour qu’un responsable de la salle aille parler au prof, qui n’en avait strictement rien à faire de mes remarques à moi, pauvre grimpeuse perdue au milieu de ses élèves. Réponse à l’accueil ? « Oh ben on peut rien faire, c’est à leur encadrant de s’en occuper, c’est lui qui est responsable ». Visiblement, la préoccupation principale c’était de pouvoir identifier le responsable en cas d’accident, et pas d’essayer de limiter les risques d’accident…
    Je suis partie, déçue et énervée…
    Par ailleurs, j’ai vu plein de fois des centres nautiques faire attendre les clients à l’entrée car capacité atteinte, je ne l’ai jamais vu dans une salle d’escalade, et pourtant !!!

    Répondre
  2. Vous venez de découvrir que salle de bloc quand c’est plein le dimanche c’est pas top ….???? Vous êtes sérieux ??? Rooo la la je tombe de haut 😂😂😂
    Sacré scoop… soyez sérieux un peu car depuis quelques temps …

    Répondre

Laisser un commentaire

quatorze + trois =