La saison de l’escalade démarre, revoyons les fondamentaux (gérer le mou de corde)

Ca y est, il fait moins chaud. Je ne sais pas vous mais moi, l’envie d’aller me frotter au rocher exposé plein sud me chatouille drôlement. Beaucoup d’entre nous ont mis l’escalade entre parenthèse le temps de l’été pour des tas de raisons (ceux qui ont des enfants me comprendront).

Pour autant, avant de remettre votre baudrier, êtes-vous bien certain de ne pas avoir oublié les bonnes pratiques. Aujourd’hui, je vous propose de prendre 5 minutes pour (re)voir un des facteurs les plus accidentogènes : le mou de la corde. Quoi ? un article sur le mou, c’est pas un peu exagéré ? Le nombre d’accidents bêtes à cause d’une mauvaise gestion du mou nous laisse penser que non. Mais, si à la lecture de cet article, vous n’avez rien appris, alors c’est que vous êtes au point.

C’est quoi le mou de corde ?

Le mou c’est la longueur de corde qui reste à tirer sur une corde pour qu’elle soit tendue.

La corde n’est pas tendue entre ses deux extrémités

 

Lorsqu’on la tend, les extrémités s’éloignent

En escalade, ça fait quoi ?

Lorsqu’un grimpeur grimpe en tête, l’assureur doit lui donner du mou pour qu’il progresse et pour qu’il mousquetonne les dégaines le protégeant au fur et à mesure de son ascension. Oublier de gérer le mou de corde est tout simplement mortel pour le grimpeur. La preuve en image.

La première dégaine est mousquetonnée mais que se passe-t-il en cas de chute ? …..
… c’est le retour au sol assuré.

Mouais, facile. Faut être bête pour ne pas y penser. Ok, mais le mou de la corde se cache parfois l’a où on ne l’attend pas.

L’assureur est trop loin de la paroi. Si le grimpeur chute, l’assureur va être projeté en avant et …
… et c’est le retour au sol assuré.

Et donc, comment on fait ?

D’abord, on ne se tient jamais trop loin de la paroi. Ensuite, on réfléchit constamment à ce que va faire la corde en cas de chute. Dans les deux cas ci-dessus, il suffisait d’imaginer la chute pour voir immédiatement les conséquences. Vous allez me dire que c’est bien gentil tout ça mais comment je fais si le grimpeur a besoin de mou rapidement pour mousquetonner ? La solution la plus rapide consiste juste à faire un pas en avant.

Le grimpeur tire sur la corde pour la passer dans la dégaine. L’assureur, en faisant un pas en avant, donne 1m de mou.

S’il n’y a jamais de mou, je fais tout bien ?

Et non. ce n’est pas si simple. Déjà, le mousquetonnage et la progression du grimpeur oblige à laisser un minimum de mou. Et puis, surtout, depuis quelques années, on chute en escalade (je vous jure, il paraît même que les moins de 30 ans adorent ça. Les jeunes fous). Or pour qu’une chute soit inoffensive, il faut qu’elle soit amortie. L’assurage doit être dynamique. L’assureur doit donc faire un pas en avant pour accompagner la chute. Comme ça :

Le faible mou laissé par l’assureur lui laisse le temps de réagir et d’accompagner la chute du grimpeur. Sur l’image animée, on voit que l’assureur, par un léger bond en avant, dynamise la chute du grimpeur qui peut ainsi tomber correctement sans se faire mal au dos ni être plaqué contre la paroi.

Et c’est tout ?

non, pas tout à fait. Rappelez-vous que la corde est complètement inutile tant que la première dégaine n’a pas été mousquetonnée. L’assureur doit donc parer le grimpeur tant que ce dernier n’a pas passé la corde dans la première dégaine

Une parade (vigilante) permet de sécuriser le grimpeur avant la 1ère dégaine

Et n’oubliez pas, une erreur est vite arrivée. En début de saison les automatismes ne sont pas toujours revenus. N’hésitez pas à faire des vérifications mutuelles grimpeur/assureur pour éviter une bêtise de ce style :

Le porte matériel ne résiste qu’à une charge de 5 kg. Le système d’assurage doit être fixé au pontet. Faites une vérification mutuelle grimpeur/assureur avant l’ascension.

Pour aller plus loin :

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