Ces hommes de l’armée de Terre ne voyagent pas avec des armes mais avec de drôles de jouets qu’ils ont rassemblés pour explorer les verticales de la Terre de Baffin aux confins du Canada. Dans un environnement hostile, le Groupe militaire de haute montagne (GMHM), la patrouille de France de l’alpinisme, a défloré une tour de granit de 900m de haut, d’où l’un des leurs, l’adjudant-chef Bayol s’est élancé en base-jump pour survoler le grand fjord gelé près duquel ils avaient planté leur camp de base. L’équipe était composée de quatre de ses pièces maîtresses : le capitaine Sancier, l’adjudant-chef Bayol, le caporal-chef Bletton et Dimitri Munoz, veillés par le médecin en chef Ginon.
L’aventure a débuté dans la nuit du 7 mai, alors que l’expédition était déposée dans le fjord glacé de Gibbs par -15°C. Elle a alterné entre moments de doutes et renversements de situation faisant de l’assaut de cette citadelle une entreprise à suspense. Il faudra 19 jours de réflexions, de tentatives et d’observations pour que ce 26 mai vers 14h, les quatre alpinistes débouchent au sommet. « Le plaisir et l’étonnement flottaient autour des grimpeurs à la cime de cette incroyable tour sans nom à laquelle ils rêvaient depuis un an », décrit le capitaine Sancier. L’assaut final s’est fait en quatre jours et en deux vagues. Le mur de fin sacrément vertical verra Arnaud Bayol se livrer à un exercice de haut volée, s’engageant sans certitude, dans un dièdre de plus de 100 mètres de haut où la rocher revêt des couleurs jaune orangé. Il leur faudra 12h d’effort pour progresser de 90 m. Le groupe s’illustrera également à la descente, les conditions météorologiques et l’organisation de l’équipe permettant à l’adjudant-chef Bayol d’ouvrir sa voile, mettant moins de deux minutes pour rejoindre le camp de base, alors ses trois compagnons de cordée ne seront en bas que le lendemain soir, après une descente en rappel plus prosaïque.