Le rôle de la presse est d’informer même si cette information n’est pas toujours objective. Normal. Chaque journaliste a ses opinions. Difficile de les mettre à la poubelle.
Dans le cas de l’ours, nous étions habitués à la désinformations menée depuis plus 30 ans par les organisations écologistes aidées parfois par des agents de l’État peu scrupuleux ou mélangeant les genres et des journalistes dont l’opinion est favorable aux introductions d’ours (l’ inverses existe aussi). Mais là, c’est nouveau. Il s’agit du grand quotidien régional, La Dépêche du Midi, qui, dans un article anonyme du 7 septembre dans les pages « actualités internationales » sous le titre pompeux et affirmatif : « L’Espagne veut des ours ! » fournit une information dont le caractère erroné est connu depuis le 24 août dernier. Il est écrit :
« Alors que le gouvernement français vient de renoncer à lâcher une ourse slovène dans le Béarn, les Espagnols, eux, volent au secours de l’ours des Pyrénées. En effet, le gouvernement de la Principauté des Asturies a déposé un projet Life « Nature et Biodiversité » dont l’objectif est la transplantation dans les Pyrénées de quatre ours brun issus de la population des monts Cantabriques, de proches cousins, sur le plan génétique, des Pyrénéens ».
Or la presse espagnole du 24 août dernier a annoncé que ce projet « secret », auquel aurait participé discrètement et tout aussi secrètement des fonctionnaires français, était abandonné. Il s’agissait en fait d’un projet du précédent gouvernement qui n’a pas été renouvelé (le projet et le gouvernement). Le nouveau gouvernement n’a pas donné suite à ce projet de 22 millions d’Euros et n’a même pas transmis la demande de subvention LIFE à l’Union Européenne. Le projet est enterré.
Enterrement confirmé par le FAPAS, association asturienne pro-ours, le 26 août sur son site Web, à travers une querelle d’argent, bien loin de l’écologie et de la biodiversité, avec une autre association dont le Président est curieusement proche du gouvernement de Madrid. Luttes d’influence et business financier qui laissent l’ours dans ses montagnes cantabriques.
Du côté français personne ne veut dire, sauf en sous-entendus et sourires qui en disent long, que des fonctionnaires ont participé à l’élaboration « secrète » de ce projet. Et pour cause…. Il s’agirait du non respect de l’article 7 de la charte environnementale annexée à la Constitution. Bien plus grave que le non respect de la directive habitats qui, de toute manière, fera l’objet, tôt ou tard, d’une révision totale à la demande de nombreux pays.
L’auteur écrit également :
‘Les efforts engagés depuis 10 ans par la péninsule pour réintroduire l’ours dans les Monts Cantabriques sont aujourd’hui couronnés de succès’.
Voilà une belle preuve d’ignorance basique du sujet « ours ». En effet, l’ours n’a jamais fait l’objet d’introduction ou réintroduction dans le massif des Cantabriques plus connu chez les pyrénéens par « Picos de Europa » dont la cartographie a été réalisée par un français, le comte de Saint Saud . L’ours y a toujours été présent. En fait, la surprotection dans des réserves interdites à toute présence humaine a progressivement occasionné son extension hors de ces zones au fur et à mesure que se désertifient les secteurs voisins. Et dans ce domaine, le régime dictatorial de Franco y a largement aidé dès la fin de la guerre d’Espagne.
A l’évidence, la Dépêche du Midi est partie d’une vieille information partielle sans se soucier de la suite donnée et sans aucune connaissance du dossier. Volontaire ou involontaire ? Désinformation ou manquement professionnel ? Ils ont quand même été destinataire, comme toute la presse, de nombreux communiqués de l’ADDIP pour s’interroger avant d’écrire.
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