Il n’y a plus guère plus que des personnages saugrenus ou déséquilibrés pour ne pas admettre la réalité du réchauffement climatique et ses conséquences. Outre les impacts sur la survie de notre espèce à plus ou moins long terme, les effets à court terme se font déjà sentir par ceux qui fréquentent la haute montagne.
Un bilan de l’Été 2018 catastrophique
La montagne a particulièrement souffert cet Été ce qui n’a pas facilité la vie des alpinistes. Pour mémoire, voici une liste non exhaustive des différents incidents :
- Un éboulement sur la très fréquentée arête des cosmiques.
- Une chute de sérac sur la vois normale du dôme des Ecrins.
- Et surtout, un éboulement rendant infréquentable la mythique traversée de la Meije.
A cela s’ajoute un inéluctable retrait glaciaire qui rend l’accès aux itinéraires rocheux de plus en plus difficile. Philippe Buyle, guide en Oisans, reconnaît que certaines courses ne se pratiquent plus (Neige Cordier par exemple) et que d’autres vu leur tracé modifié (les Agneaux). Aujourd’hui, le récent éboulement sur l’arête sud de la Meije a permis de mettre en exergue un phénomène constaté par les guides depuis plusieurs années.
La face Ouest des Drus, un itinéraire désormais infréquentable ?
Faut-il cesser de fréquenter la haute montagne ?
Et si l’éboulement à la Meije sonnait le glas de cet itinéraire aussi historique que prisé ? Et s’il était le signe que nous avons atteint un point de non retour en termes de température condamnant toute pratique de l’alpinisme ? Les géologues viennent de constater un réchauffement historique du permafrost au-dessus de 3500 m. Cela est très inquiétant pour la stabilité des rochers soudés entre eux par le gel constant devant régner à cette altitude. En ce moment, guides de haute montagne, géologues, préfet, clubs alpins sont en pleine concertation pour essayer de trouver des solutions.
Actuellement, les dangers objectifs entre le refuge et le glacier carré sont tels que la Meije est infréquentable sur la voie normale. Les réflexions débutent et il est prématuré de tirer des conclusions. Philippe Buyle, guide d’expérience, rappelle que la montagne a toujours été vivante et que l’homme a toujours su s’adapter. La brèche Zygmondy s’est déjà effondrée il y a longtemps. Une modification de l’itinéraire a cependant rendu praticable la traversée des arêtes de la Meije.
La traversée du Pelvoux, de plus en plus compliquée au fil des ans…
Alors plutôt que de tourner le dos à la haute montagne, la solution semblerait de s’y adapter peut-être plus vite et plus souvent qu’auparavant. Ainsi, les alpinistes de ce siècle devront plus être attentifs aux conditions du moment qu’au topo historique d’un itinéraire. Et n’oublions pas qu’il reste énormément d’itinéraires praticables avec un risque faible.