Après la chute de séracs, le dôme des Écrins est-il fréquentable ? (MàJ 23/08/2018)

La semaine dernière une chute de séracs a balayé la voie normale d’ascension du dôme des Ecrins, un sommet très fréquenté par les alpinistes (si vous voulez avoir une idée de la sensation éprouvée lorsqu’on vit une telle aventure, je vous conseille de lire ce récit). D’après nos renseignements, il semblerait que certains blocs de séracs soient encore en équilibre plus ou moins stables. Et alors ? La stabilité n’est certainement pas la qualité première d’un sérac. Cet évènement fait remonter à la surface les inépuisables débats mettant en opposition l’éthique, l’économie et la sécurité dans la pratique de la montagne.

Aujourd’hui, se pose la question de la dangerosité de cet itinéraire. Est-il prudent d’y mettre les pieds ? Le PGHM (secours en montagne) déconseille fortement la fréquentation de l’itinéraire car il envisage une nouvelle chute de séracs. On comprend que les secouristes n’ont pas envie d’aller ramasser des miettes d’alpinistes. Le refuge des Écrins (passage obligé pour accéder au dôme) constate que des cordées continuer de pratiquer la voie normale sans rencontrer de problèmes particuliers. Mais, la praticabilité de cette voie conditionne l’existence du refuge. Le bureau des guides des Écrins arrête provisoirement d’emmener des clients là-haut, le temps que les guides tracent un itinéraire qui évite les séracs les plus menaçants. Cet itinéraire qui passera plus au centre est aussi plus raide. Mais, en plein mois d’août, les guides ne peuvent se passer du dôme. La solution qu’ils sont en train de trouver paraît raisonnable.

La chute de sérac a balayé la trace de la voie normale

Il est bon de rappeler qu’en montagne, l’exposition et la difficulté ne sont pas toujours liées

Et donc, la voie normale du dôme, est-elle dangereuse ? La réponse n’est pas si simple et elle est, en fait, très personnelle. La montagne est un milieu naturel non dépourvue de dangers pour l’homme. S’y rendre c’est déjà prendre un risque. En particulier, cet itinéraire louvoie entre des barres de séracs dont certains blocs se détachent régulièrement, depuis toujours. Donc oui, cette course d’alpinisme facile est exposée, comme beaucoup d’autres. En montagne, l’exposition et la difficulté ne sont pas toujours liées. Il est des voies d’escalade extrêmement difficiles mais très bien équipées dans du rocher sain dans lesquelles il est difficile de se blesser. A contrario, marcher sur un glacier, même peu pentu, expose à tomber dans des crevasses ou à être victime d’une chute de séracs. Cet évènement est donc l’occasion de rappeler qu’en montagne, le risque 0 n’existe pas.

Se renseigner sur les difficultés et l’engagement fait partie de la préparation

Avant de s’engager dans un itinéraire d’alpinisme, quel qu’il soit, un minimum de préparation s’impose. Se renseigner sur les difficultés et l’engagement fait partie de cette préparation. C’est avec ce travail préliminaire qu’on évalue le risque qu’on est prêt à prendre pour réaliser une ascension. C’est pourquoi, à Kairn, le seul conseil que nous vous donnerons est de décrocher votre téléphone, interroger les professionnels et de faire votre propre évaluation des risques. Mais, de toute façon, c’est bien ce que vous faites à chaque fois que vous voulez partir en montagne, non ?

Pour aller plus loin :

  • Chute de sérac sur le sentier de la Charpoua
  • Ascension du mont blanc et dangers
  • La déclaration officielle des CRS Alpes de Briançon : » »Plusieurs importantes chutes de séracs successives ont eu lieu ces deux derniers jours dans la face Nord du dôme des écrins. Ces séracs ont balayé une partie de la trace de la voie normale de montée au dôme. D’autres séracs menacent de tomber à nouveau dans les prochains jours.

    Les services de secours en montagne de Briançon recommandent une extrême vigilance sur cet itinéraire particulièrement dangereux actuellement. »

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