Champion du Monde en 2005, plus de 20 podiums et victoires en Coupe du Monde depuis 2002, Champion de France de raid mixte en titre et Champion d’Europe en titre, voilà tout le palmarès du Team Raid Quechua. Après quelques notes négatives cette année, le ‘Team’ a su montrer qu’il était encore bien présent sur les grosses dates.
Suite à leur nouveau titre de champion d’Europe de raid acquis le week-end dernier, Rudy Gouy, capitaine du Team Raid Quechua, répond à nos quelques questions :
– Comment s’est déroulé ce raid Aveyronnais sur 3 jours ?
Le raid s’est au final bien déroulé pour nous… même si on a aussi eu notre lot d’anecdotes et que l’on a souffert, comme tout le monde, des conditions de très fortes chaleurs…
La première grosse galère a été de gérer le dérailleur cassé de Bill (Ndlr : Yves BILODEAU). A cause de la poussière, les chaînes se sont encrassées et sont devenues très sèches. Au moment où Bill venait tout juste d’acheter une bombe d’huile, en repartant, le dérailleur est remonté dans les rayons, au bilan : une patte de dérailleur bien tordue et une chape carbone cassée !
Autour d’une fontaine bien rafraichissante, nous voici en train de bricoler le VTT de Bill (on a bien essayer de trouver un dérailleur VTT dans un garage voiture, mais malheureusement sans succès !). Nous avons commencé par détordre la patte à deux en espérant que ça ne la fragilise pas trop afin de remettre le dérailleur et la chaine dans l’axe. Ensuite, nous avons tendu la chaîne pour voir si cela pouvait fonctionner et, miracle, le dérailleur fonctionnait ! Simplement, il fallait maintenir une tension minimale, surtout dans les sentiers chaotiques, car sinon la chaîne sautait du galet de roulement et vu que la chape était cassé, la chaine se mettait de travers et Bill devait s’arrêter pour la remettre dans l’axe… Finalement, cela ne fonctionnait pas trop mal et Bill a dû s’arrêter une petite dizaine de fois sur la fin de la section VTT, ce qui n’est rien alors que l’on a failli arrêter le raid là.
Par la suite, on a pu changer de VTT car on en avait pris un de rechange (comme quoi, ça sert !)
Parallèlement à ce bris de matériel, Franck (Franck GORRY) était à la limite du coup de chaud. Je l’ai donc obligé à nous attendre allongé dans la fontaine pour le faire descendre en température. Au départ de la section suivante, il a régurgité tout ce qu’il avait mangé durant la transition, c’était mauvais signe mais nous avons fait attention à ce qu’il s’hydrate continuellement, qu’il se refroidisse dès qu’il le pouvait (comme nous tous d’ailleurs !) et surtout qu’il s’alimente un minimum. Il ne supportait à ce moment là que la St Yorre et les bonbons Haribo !!! On prenait une bouteille de Coca de 50cl chacun pour chaque section que l’on ouvrait à la fin d’une partie physique, et cela a fonctionné puisqu’ensuite la nuit est tombée, et c’était gagné car on est descendu en température (plus de 20° la nuit tout de même… c’est mieux que plus de 40 la journée !)
La troisième galère fut les ampoules d’Elodie (Elodie BOURGEOIS-PIN)! Malgré les soins de John à l’assistance, les pieds ont surchauffés durant les sections trail… Nous avions tous des douleurs mais Elodie était la plus touchée.
A la balise 89, au bord d’un ruisseau, nous avons dû nous arrêter après maintes souffrances. Elodie a mis les pieds dans l’eau froide, les a séchés et Bill les a réparés en mettant sur chaque ampoule du ‘second skin’ (seul vrai pansement contre les ampoules fermées voire même ouvertes ! Tous les raiders et marcheurs devraient avoir ce produit dans son sac) et en les recouvrant de strapal pour que ça ne bouge pas.
Après une heure de petits soins, tout le monde a fait un sommeil ‘flash’ (10′ de sommeil).
Nous sommes repartis, Elodie boitait mais au moins on avançait. Et puis, ce fut de mieux en mieux, notre rythme fut plus rapide, c’était gagné ! Nous étions à deux doigts de l’abandon ! Merci Bill pour ses soins et surtout merci Elod pour cet engagement qui nous a permis d’aller jusqu’au bout…
– La chaleur ne vous a donc pas aidée, comment l’avez-vous vraiement gérée ?
Notre principe était simple : se refroidir le plus souvent possible et s’hydrater régulièrement… Pour cela, nous n’avons pas hésité à nous plonger dans les fontaines et les ruisseaux entièrement afin de refroidir le corps qui était en surchauffe continuellement entre les températures infernales et l’effort important à produire !
Pour nous, ce n’était pas perdre du temps, c’était pouvoir garder notre rythme et surtout continuer notre progression. Nous avons croisé de nombreuses grosses équipes sur le bas côté dont un des équipiers était en coup de chaleur prononcé et qui ne pouvait plus avancer : la seule issue était l’abandon, ce qui a encore augmenté notre attention : éviter à tout prix le coup de chaleur !
Chaque source, chaque fontaine, chaque ruisseau a été l’occasion de nous rafraîchir !
– Quelles ont été vos plus grosses difficultés lors de ce raid ?
1. La chaleur
2. Comprendre le fait que nous n’arriverions pas à faire toutes les balises… et une fois cette évidence comprise, quelles étaient les balises à prendre et celles à éviter ?
Nous avons vite fait le choix de faire un maximum de balises en VTT car on perdait moins de temps, et d’éviter les balises à pied qui s’écartaient trop de la route la plus rapide, car à pied, cela prend trop de délais.
3. Nous avions fait le choix de faire le canyon pour des raisons d’envie ! Mais avec les pieds d’Elodie et la porte horaire, nous nous sommes vite aperçus que ça ne collait pas !
– Comment avez-vous trouvé ce raid en terme de parcours, d’épreuves, d’organisation et d’ambiance ?
Nous sommes des inconditionnels de l’Aventure Aveyronnaise. C’est notre 4ème participation en 4 ans !
Le parcours est superbe, technique et les paysages sont à couper le souffle. L’organisation est rodée et les bénévoles sont une bande de copains et copines qui s’éclatent à nous faire découvrir leur belle région avec le sourire et la bonne humeur.
Même si cette année le tracé était plus qu’exigent, et encore accentué par la chaleur, ce raid reste un des plus beau en France… Je le conseillerai à quiconque veut vivre une aventure entre ami(e)s, un raid, un vrai !
– Comment vous-êtes vous entraîné pour cette épreuve par équipe ?
On s’est entraîné chacun de notre côté avec quelques raids pour travailler les automatismes…
Je dois avouer que les derniers raids auxquels j’ai participé, je n’avais pas de ‘jus’, j’étais un peu cuit par une grosse saison d’hiver et un boulot physique. Je n’avais vraiment pas assez récupéré. Mais, ces derniers temps, j’ai pu bien me reposer et me préparer dans de meilleures conditions pour cet objectif principal de la saison. Je me sentais, pour ma part, frais et disponible mais toujours avec une part d’incertitudes concernant ma forme. Le trail du prologue m’a rassuré : je me sentais en pleine forme !
– Quel est ton sentiment après ce titre de Champion d’Europe ?
L’équipe est très fière de pouvoir remporter à nouveau un titre après une saison passée difficile (mort de Laurent FABRE, arrêt de Sandrine MONIER, abandon à 2h de l’arrivée des championnats du monde après le trauma cranien et l’évacuation de Franck GORRY par hélico, arrêt de Tom MONIER comme team manager…)
Ce fut une saison plus que difficile ! Nous passons et pensons enfin à des choses plus positives…
En clair, nous sommes très heureux ! C’est vrai qu’il y avait surtout des équipes françaises mais les meilleures équipes françaises sont régulièrement dans le top 10 et souvent dans le top 5 au niveau mondial donc c’est un titre très valorisant pour nous et nous n’allons surtout pas le dénigrer !
– Quels sont vos prochains objectifs et comment vont se passer ses prochains mois ?
Un peu de vacances pour tous dans un premier temps… Nous allons tous nous ressourcer, cela nous fera le plus grand bien !
Ensuite, nous avons plusieurs objectifs de fin de saison :
– l’Embrunraid au mois de septembre
– l’Orient’alpin
– et les championnats de France dans l’Ardèche
Et ensuite, il sera temps de passer à la saison d’hiver…
Je te remercie pour la réponse à toutes ces questions, votre disponibilité encore une fois, et l’équipe de kairn vous félicite pour ce très beau titre de Champion d’Europe !
Le
TEAM RAID QUECHUA est composé d’Elodie BOURGEOIS-PIN, de Perrine BLANC, de Franck GORRY, d’Yves BILODEAU, et du capitaine Rudy GOUY.