Un petit rien

En ce jour de l’an 1610, l’astronome Johannes Kepler prépare un cadeau pour son ami et protecteur à la cour de Rodolphe ll, Wackher von Wackhenfelds. Il l’accompagne d’un texte ainsi dédicacé

Je ne suis pas sans savoir combien vous aimez le Rien…Quel que soit l’objet qui vous agrée comme évocation du Rien. Il faut qu’il soit de mince importance, de petite taille, de prix minime et qu’il ne soit guére durable, c’est à dire qu’il soit presque Rien.

Ce rien offert par Kepler est un flocon de neige. A Prague où il réside, il en tombe alors des milliards, de ces cristaux éphémeres voltigeant en bourrasque aux yeux de l’astronome, ce Rien est TOUT. Sa symetrie dévoile jusqu’à la structure du monde, à l’image des orbites des planètes que Kepler voit comme des figures géométrique imbriquées, mais aussi des alvéoles d’une ruche ou encore des grains de grenade qui s’ordonnent en rangs serrés au coeur du fruit. Le flocon est un objet ‘ cosmopoétique‘ explique Kepler, littéralement ‘ fabricateur du monde‘, ephémére mais ayant la permanence du Cosmos. Pour l’astronome empreint de mysticisme, reconnaitre sa régularité et l’honorer, c’est rendre hommage au Créateur qui a semé ça et là des preuves de Sa Grandeur Infinie.

Alors pour faire comme Raymond Devos et parler pour ne rien dire, espérons que ces petits rien vont se multiplier en ce début d’hiver, parce qu’avec trois fois rien, on finira bien par faire quelque chose…!

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