Une grande responsabilité

L’escalade a deux facettes.
D’une part la compétition, aux règles désormais bien établies, au calendrier bien structuré, allant du championnat départemental ou au Top des petits grimpeurs jusqu’aux championnats du Monde.
Les règles du jeu sont clairement définies, et les comportements déviants (dopage, triche) sont traqués.
D’autre part l’escalade loisir, avec son éthique plus ou moins appliquée mais dont les enjeux sont quasiment inexistants.

Entre ces deux facettes, certains ont cru trouver judicieux de créer un système compétitif qui n’ose pas dire son nom.

Bien sûr la relation à l’autre à toujours existé, et la compétition de celui qui réussit un move, une voie, un enchaînement a toujours été l’un des vecteurs de l’émulation entre les grimpeurs.

Pourtant en voulant établir un système donnant des points, en établissant des règles, des classements, un certain site internet en particulier a largement participé à la perversion du système.
Certains sponsors ont même un temps donné utilisé ce système pour choisir les membres de leur team.
En donnant une valeur, autre que symbolique, aux mensonges ou aux ‘petits arrangements’ avec la vérité, on s’expose ainsi a une multiplication de ces derniers.

Il est évident qu’on est pas chez les bisounours non plus et Cesare Maestri ou Tomo Cesen chez les alpinistes n’ont pas attendu internet pour défrayer la chronique avec leurs ascensions polémiques.

Mais la relation des grimpeurs entre eux ainsi que celle avec la presse spécialisée est basée sur une reconnaissance tacite de la valeur de l’autre, au travers de ses réalisations, quelles que soient leur niveau, mais donc au travers de son intégrité.

Quand de manière ponctuelle, un grimpeur de niveau moyen annonce une perf extraordinaire, (On se rappelle de l’Alchimiste annoncé a 8C par un certain Phil Moser et décôté dans le 7B par Fred Tuscan) l’anecdote fait sourire et n’a pas de conséquences.

Quand une grimpeuse de très haut niveau se permet de gonfler régulièrement les côtes de ses voies, de passer des flash et des après-travail en à vue, ou tout simplement d’inventer des réalisations, c’est tout un système qui chancelle.

Le souci c’est quand les faits sont connus de tous dans le ‘milieu’ grimpeur (compétiteurs, marques, grimpeurs de haut niveau ET MEDIAS) mais que personne (Kairn y compris) ne dit rien pour ne pas être celui par qui le scandale arrive.

Que faut-il faire? Laisser le troll suédois crier au complot encore un fois et surfer sur la polémique pendant que la miss joue la vierge effarouchée et continuer a prendre les lecteurs pour des cons sous couvert de ne pas faire de vagues ?

C’est ce qui a été fait jusqu’à maintenant par tout le monde mais l’impunité a laissé alors libre cours a des écarts de plus en plus grands et de plus en plus répétés.

Quelle nécessité il y a-t-il à faire cela quand on est dans le plus haut niveau?
Bonne question !
Peut-être celle de marquer l’histoire. De l’auto masturbation ‘intellectuelle’ de voir son nom sur Wikipedia associé a des performances remarquables bien que mensongères. D’espérer devenir une légende…
Mais les légendes baties sur des mensonges s’oublient très vite et il reste le sentiment d’un immense gâchis.

Agir de la sorte, pour un(e) grimpeur(se) implique une grande responsabilité, celle de détruire un système, une confiance, une relation qui fait (faisait?) de l’escalade une activité à part. On aurait aimé ne pas en arriver là.

Cedric Larcher, Pierre Délas – Kairn.com
 

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