Une réserve de pétrole gigantesque découverte en Afrique : un tournant géopolitique majeur

Annonces spectaculaires, preuves timides : l’or noir somalien est surtout à l’étape des accords et des prospectives. Pour distinguer le réel du souhaité, remettons les chiffres et le calendrier à l’endroit — sans réécrire votre article, uniquement en corrigeant l’essentiel.

Une mer d’or noir au large de la Somalie

C’est une nouvelle qui secoue les milieux diplomatiques autant que les marchés énergétiques : un gisement pétrolier de 20 milliards de barils vient d’être mis au jour au large des côtes somaliennes. En réalité, ces annonces ne sont pas confirmées par des sources officielles : à ce stade, il n’existe pas de “découverte” prouvée, mais des accords d’exploration et des campagnes sismiques en cours.¹
Ce potentiel pourrait être très important, mais relève d’estimations de ressources potentielles (jusqu’à ~30 milliards de barils selon des synthèses publiques), et non d’un volume découvert.²

Ce potentiel énergétique titanesque pourrait propulser la Somalie au rang d’acteur-clé, à condition de manœuvrer avec doigté dans une mer d’enjeux techniques, économiques, environnementaux… et politiques.

La Turquie s’impose comme allié (et acteur) principal

Le pays qui a flairé l’affaire ? La Turquie. Grâce à un accord avec le gouvernement somalien, Ankara participe aux opérations d’exploration (onshore et offshore).

Les termes détaillés du partage ne sont pas publiés ; des analyses évoquent un plafond de “cost recovery” pouvant aller jusqu’à 90 % — controversé — alors que le modèle de contrat somalien (2019) prévoit un plafond de 70 %.³

Pour les autorités somaliennes, cet engagement étranger est vu comme un levier pour l’économie locale — à condition d’éviter les écueils classiques de la « malédiction des ressources ».

Extraire sous l’eau : un défi colossal

Mais avant de penser aux bénéfices, il y a le terrain. L’exploitation offshore exige des infrastructures sophistiquées (plates-formes, forages en eaux profondes, logistique maritime) et une forte capex exposée à la volatilité du prix du baril.

Le saviez-vous ? Entre une découverte confirmée et la première huile, il faut souvent 7 à 10 ans (et davantage dans des contextes institutionnels fragiles) — un horizon à garder en tête pour tout projet somalien.

La Namibie entre dans l’arène

Pendant ce temps, d’autres pays du continent accélèrent. En Namibie, le champ offshore Mopane est estimé à ~10 milliards de barils par l’opérateur Galp ; d’autres projets (TotalEnergies, Shell) sont en préparation, avec des décisions finales d’investissement attendues à partir de 2026–2029, signe d’une dynamique réelle mais étalée dans le temps.⁴
La concurrence peut tirer le secteur vers le haut (innovation, coopérations régionales), à condition d’inscrire ces projets dans une logique de durabilité.

L’environnement : un acteur silencieux mais incontournable

L’exploitation en mer ne se fait pas sans risques : pollutions, atteintes potentielles à la biodiversité marine, fuites d’hydrocarbures… Les entreprises seront attendues au tournant sur les mesures d’évitement et de réduction des impacts, et sur la transparence des suivis.

Sur terre, les communautés locales doivent être associées de bout en bout : information, concertation, partage de la valeur — des conditions déterminantes pour la licence sociale d’un projet.

Une opportunité à double tranchant

Cette perspective pétrolière ouvre une ère nouvelle pour la Somalie et l’Afrique de l’Est. Mais l’abondance peut autant enrichir qu’affaiblir. La vraie richesse ne résidera peut-être pas dans le pétrole lui-même, mais dans la gouvernance : fiscalité claire, contrats publiés, institutions solides, et trajectoires compatibles avec les engagements climatiques.

Notes de bas de pages

  1. RFI — « Nouvel accord entre la Turquie et la Somalie sur les hydrocarbures » (08/03/2024) — https://www.rfi.fr/fr/monde/20240308-nouvel-accord-entre-la-turquie-et-la-somalie-sur-les-hydrocarbures
  2. U.S. Dept. of Commerce — « Somalia – Oil & Gas » (22/01/2024) — https://www.trade.gov/country-commercial-guides/somalia-oil-and-gas
  3. Government of Somalia — « Final PSA Model (2019) » (plafond “Cost Oil” : 70 %) — https://mopmr.gov.so/wp-content/uploads/2019/07/Final-PSA-Model-Somalia.pdf
  4. Reuters — « Portugal’s Galp says field off Namibia could contain 10 bln barrels of oil » (21/04/2024) — https://www.reuters.com/business/energy/portugals-galp-says-field-off-namibia-could-contain-10-bln-barrels-oil-2024-04-21/

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