Résumé des championnats de France de difficulté 2014

Organisés pour la seconde année consécutive dans la belle salle de l’Acclameur de Niort ce week-end, les championnats de France de difficulté 2014 ont été une belle réussite avec du beau spectacle, une ouverture proche de la perfection, et l’éclosion et la mise en lumière de nombreux jeunes talents. Résumé complet ci-dessous.

Un championnat de France au milieu de nulle part, rebelote !

Ce champignon de l’Acclameur, en bordure de nationale menant à Niort, curiosité architecturale abritant salle de spectacle style Zénith et salles de sport dernier cri, abrite à coup sûr une des meilleures configurations de salles d’escalade de France. Un amphithéâtre et des gradins en face d’un mur de 16 mètres, qui même si il ne propose pas un développé et un dévers des plus impressionnants propose une arène de grimpe moderne et remarquable. Alors certes, il est difficile de faire le plein niveau public contrairement au concert de Patrick Bruel qui s’est déroulé vendredi soir vu que la région Niortaise n’est pas le plus gros berceau de l’escalade française, mais l’endroit est très plaisant que ce soit pour le spectateur qui peut apprécier les meilleurs vues sur un mur de difficulté sans se casser la nuque, ou pour le compétiteur qui n’est pas oppressé par l’étroitesse des lieux et qui peut donc y évoluer en toute sérénité. L’ambiance était d’ailleurs au rendez-vous, avec Philippe Join-Lambert au micro animant avec entrain et sobriété les joutes devant quelques centaines de personnes dans les gradins.

Une ouverture au top

Dès les phases de qualification, nous avons senti que les voies, calées par l’entraineur national Corentin Le Goff et son équipe (Gérôme Pouvreau, Mike Fuselier, et Florence Pinet, présentée comme la première femme à l’ouverture sur des championnats de France) fonctionnaient à merveille. Déjà les qualifications messieurs et dames ont été séparées contrairement à l’an dernier, ce qui permettait d’exploiter pleinement tous les profils du mur pour enrichir les voies. Pour une fois qu’on ne néglige pas les qualifications sur une compétition nationale, autant le préciser ! Tout au long du week-end, nous avons eu droit à des voies de rési longue, d’une trentaine à quarantaine de mouvements parsemées de petits pas de bloc, avec un savant dosage de tops au sommet. Des fois techniques, des fois à doigts, présentant des préhensions et des styles variés, les voies sont soignées et abouties. Logiquement un peu plus rectilignes en qualification, puis louvoyantes et truffées de volumes en demi-finales et finales, nous avons eu droit à de purs chefs d’œuvre. Bravo à l’équipe !

Du très grand spectacle et des jeunes qui poussent

Belle ouverture dit aussi beaux combats et spectacle. Les finales hier ont été grandioses, avec des chutes disséminées tout le long des itinéraires rendant la tâche facile aux juges, des mouvements surprenants et à chaque fois un athlète au sommet de la voie. La présence de nombreux jeunes en finale illustre que la relève hexagonale est bien là, et que même si par manque d’expérience ou erreur de jeunesse ils ne sont pas encore sur les podiums et dans le haut du pavé, on pourra tout de même compter dans très peu de temps sur les Solène Amoros, Julia Chanourdie, Salomé Romain, Thomas Joannes, Charli Blein, Hugo Parmentier pour jouer les premiers rôles en équipe de France sénior. 20 ans de moyenne d’âge chez les finalistes femmes par exemple !

Janicot championne de France, première !

En finale femmes, on retiendra chez les jeunes le beau run de Solène Amoros, complètement relâchée et décomplexée, qui viendra chuter en rési sur un blocage puissant après un beau combat sur quelques mètres (5ème). Julia Chanourdie (6ème), contractée, Salomé Romain prise au piège dans une relance tonique (7ème) et Manon Hily visiblement fatiguée ne feront pas mieux (8ème). Les plus expérimentées Julia Serrière et Alizée chutent deux prises plus haut, déstabilisées par un mouvement puissant pour atteindre une grosse barette aux ¾ de la voie.Les deux grimpeuses ayant sorti la demi-finale, c’est Alizée qui est devant au temps et qui prend la 3ème place du podium devant la chambérienne pour quelques secondes, signant ici un beau retour aux affaires en compétition et unticket pour la première étape de coupe du Monde en Chine.

Vient ensuite la favorite de la compétition, Charlotte Durif qui en est à 4 titres consécutifs en difficulté. Après avoir avalé le bas de la voie, Charlotte, visiblement à l’aise retombe dans ses travers et se met à délayer dans toute la fin de voie, avançant trop lentement. La chalonnaise se fait finalement arrêter au temps à l’antépénultième prise de la voie alors qu’elle semble facile (2nde). Il faut dire que son style de grimpe demeure inchangé malgré l’introduction de la prise en compte du chrono dans la prestation en difficulté pour départager… Cette petite erreur profite donc à Hélène Janicot, dernière à s’élancer. Après un run déterminé qui la mène au sommet en moins de 6 minutes, la riomoise exulte et savoure son premier titre de championne de France chez les séniors !

Chez les hommes, logique respectée

Idem que chez les femmes, on retiendra en finale le beau run du jeune Charli Blein, très propre et rythmé. échouant en rési dans le réta du dernier ressaut, le briançonnais a mis le run le plus abouti des challengers (4ème). Thomas Ballet, impressionnant physiquement en demi-finale réédite un run titanesque et spectaculaire, tout en puissance et combativité mais trop arrêté à chaque mouvement, la fluidité et le rythme lui font finalement défaut pour espérer mieux (5ème). Kevin Aglaé (6ème), Hugo Parmentier (7ème) et Thomas Joannes (8ème), trop contractés dans le bas de la voie (notamment dans la traversée en no-foot), ne pourront pas aller jouer dans la partie supérieure de celle-ci, à court d’énergie.

En l’absence de Sean McColl qui avait mis tout le monde d’accord dans un run dantesque l’an dernier, nos 3 compères de l’équipe de France de difficulté, seuls en haut de la voie de demi-finale le matin vont être les seuls à aller tâter les dernières prises de la voie. Manu Romain (3ème) puis Gautier Supper (2nd) échouant à quelques prises du sommet, la voie est libre pour Romain Desgranges, dernier à s’élancer, à condition de sortir celle-ci. Le chamoniard ne se fait pas prier et semble facile là où les autres ont calé, s’octroyant son 3ème titre de champion de France d’affilée. Un run parfait et maitrisé qui démontre que notre champion d’Europe 2013 domine toujours les débats au niveau national et qu’on peut lui faire pleinement confiance pour porter très haut les couleurs françaises au niveau international en 2014.

Un assurage chaotique

Ainsi s’achève les championnats de France de Niort, qui même si ils ont été réussis mettent en exergue quelques points noirs. L’assurage des bénévoles a été chaotique, notamment sur les qualifications ou certains ne maitrisaient pas du tout le sujet, donnant des sueurs froides à certains juges, obligés d’aller les assister. Le club local étant principalement composé de grimpeurs débutants, on ne peut que déplorer l’absence de synergie au niveau départemental et régional pour venir donner un coup de main et apporter des réelles compétences. Il est assez énervant pour des compétiteurs et des grimpeurs confirmés d’être obligé de tracter l’assureur pour avoir le mou, se voir sécher après une chute, redescendre au sol en accéléré au lieu d’être posé en douceur, ou de constater que beaucoup d’ assureurs n’ont pas les deux mains sur la corde sous le système d’assurage après la chute du grimpeur… Heureusement il n’y a pas eu de carton majeur, mais du coup le compétiteur n’était pas forcément tout le temps placé dans des conditions très favorables dans sa prestation.

Un calendrier incohérent ?

La suppression des championnats interrégionaux cette année ont conduit à un trou d’un trimestre entre les championnats régionaux qualificatifs (organisés en janvier-février) et les championnats de France qui surviennent mi-mai. Pas vraiment de continuité donc dans le circuit championnat de France qui demeure le meilleur moyen de se mettre en évidence pour se faire sélectionner en équipe de France. Pourquoi ne pas reculer l’organisation des championnats régionaux et départementaux ? Comment organiser de manière cohérente une planification pour être fort à la fois en début d’année pour pouvoir faire partie des quotas resserrés et obtenir son ticket pour les championnats de France puis ensuite être au point de nouveau trois mois plus tard pour bien figurer aux championnats de France ? Et si je performe en mai aux France, ne vais-je pas être trop fatigué ensuite pour envisager représenter la France sur les compétitions internationales estivales ? Quel est l’intérêt du circuit coupe de France si je n’ai pas le niveau de faire un podium ? Autant de questions qui méritent d’être posées car l’organisation et le calendrier des compétitions nationales en difficulté semble quelque peu anarchique.

Place maintenant au circuit international, avec comme échéance pour les français les traditionnelles étapes à domicile de Chamonix et Briançon courant juillet avant notamment les championnats du Monde de Gijon en septembre. On sera derrière nos Bleus !

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