C’était au printemps 2013, Hélias Millerioux, Rémi Sfilio et Damien Tomasi se retrouvent sur le Mont Dénali en Alaska plus connu sous le nom de Mac Kinley. Le plus haut sommet du continent nord américain nous offre sans doute le plus beau spectacle paysager qui puisse exister. Les photos sont là pour le prouver. A l’occasion de cette expédition, Hélias et Rémi se sont donné la chance de réaliser la voie slovaque / tchèque direct. C’était la première répétition française et la première en libre de la voie… De cette expédition ils nous rapportent un récit et de belles images…. Profitez-en… C’est presque comme si vous y étiez !
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Cette expérience, il est certain, m’aura marqué. Elle aura marqué Rémi aussi. Cela nous aura marqué au plus profond de nous-mêmes, peut-être parce qu’à un moment nous avons douté plus que les autres fois sur la finalité de la voie. D’autres ascensions marquantes, c’est sûr, il y en aura. Mais, pour le moment, cette ascension fait partie des plus intenses que l’on ait pu vivre. En revenant sur mon histoire, je me souviens – tout débutant dans l’alpinisme technique – de certaines ascensions qui m’auront marqué. À chaque fois, lorsque je reviens d’une expérience forte, celle-ci est la plus intense que j’ai jamais vécue.
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Approche
Dès la mi-journée, l’avion de l’agence Talkeetna Air Taxi nous embarque pour le camp de base au pied du mont Hunter. Ces vols sont toujours magiques, au-dessus des grandes forêts et plaines enneigées, les rivières en dégèle, au loin les montagnes en ligne de mire. La vue sur l’horizon entre bleu du ciel, blanc des neiges fondantes et noir des forêts qui s’éveillent, c’est un plaisir pour les yeux. ….
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Acclimatation
Le 26 mai, nous montons au camp à 5 200 mètres. Au-dessus du camp de 4 200 mètres, c’est une grande pente de neige raide à 45° où on se hisse le long de cordes fixes, puis suit une arête mixte facile. Ces journées d’acclimatation sont toujours très dures, tout le monde se sent fébrile….
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Un nouveau départ
Du 2 au 4 Juin avec Rémi nous prenons le temps de nous reposer 3 journées complètes. La météo est mitigée, il ne fait jamais ni vraiment mauvais ni tout à fait beau. Il n’y a pas de tempête en perspective, ni d’anticyclone, seulement quelques précipitations à l’horizon, tous les jours nous sommes dans un petit brouillard venant et s’en allant……
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usqu’en 2013, 6 équipes avaient grimpé cette voie : les Tchécoslovaques ; les Américains Kevin Mahoney et Ben Gilmore réalisent la seconde ascension en 8 jours en mai 2000 ; les Américains Scott Backes, Mark Twight et Steve House gravissent cette voie en style alpin pour 60h d’effort non stop du 24 au 26 juin 2000 ; les Japonais Fumitaka Icimura, Yusuke Sato et Katsutaka Yokoyama, nominés aux Piolets d’or 2009, gravissent en style alpin les voies Isis Face, The Ramp et Slovak Direct du 11 au 18 mai 2008 ; Jesse Huey et Mark Westman du 20 au 23 juin 2010 ; Andy Houseman et Nick Bullock en 2012. Avec Rémi, nous serons la septième équipe à grimper cette voie….
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Partis à 20h32 le 5 juin, nous arrivons au pied de la face le 6 juin aux alentours de 8h, soit 12 heures plus tard. Cet accès nous aura mis dès le début en difficulté. Lors de la montée à la west rib ridge aux alentours de 5 000 mètres, nous avons à tracer une neige profonde puis, dans la rampe Wickwire nous rencontrons des crevasses infâmes, Rémi en ouvrant la trace en fait plusieurs fois les frais. Des rappels entre les séracs, le cheminement était très complexe, le louvoiement entre les crevasses nous épuisent, nous faisons des montées, des descentes, des rappels sur champignons de neige, sur lunule…..
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Le 6 juin, il est 20h, la météo est bonne quand nous prenons le chemin de la voie tchèque. À la rimaye, nous décidons d’attendre un peu que le regel donne à la neige une meilleure consistance. Nous avons attendu jusque 21h30-22h avant de nous mettre en activité. Ce jour-là, nous grimpons jusqu’au lendemain, 9h. Nous avons atteint le premier névé où nous avons posé notre premier campement à 4 150 mètres. Nous avons grimpé 700 mètres le premier jour, en 11h. Dès la rimaye, nous grimpons rapidement car nous remontons un couloir exposé aux séracs. Celui-ci coiffe l’arête Cassin. Il est invisible du bas, mais les vues d’avion le font bien apparaître. Nous nous mettons une suée dès l’attaque. …..