Antoine le Menestrel : Pourquoi j’ai chuté

Pourquoi j’ai chuté ?
Cet été, j’avais en prévision 23 représentations prévues sur deux mois. Je voulais jouer toujours plus de spectacles. Avant d’être trop vieux, j’avais le désir de réaliser un rêve : celui de jouer pendant les 3 semaines du festival d’Avignon. J’étais dans l’état d’esprit du toujours plus de spectacles et aussi de combler le vide en multipliant les représentations. « Le sommet d’une croissance infinie est la chute ». Je taillais des cales pour mon nouvel escalier quand celui-ci c’est dérobé sous mes pieds, deux mètres plus bas j’étais assis le long de l’escalier avec la huitième côte cassée. Je pensais à mon été. Mon escalier n’était pas bien calé. « Pour réaliser une ascension, il faut une bonne base. ». Le lendemain de ma chute, j’ai annulé 2 représentations, j’ai retrouvé une sérénité. « J’ai dénoué un nœud et je me suis allégé ». À 51 ans, physiquement, j’ai commencé la pente descendante. Je suis tombé d’un étage, je m’accrochais à mon piédestal à trop de prétention. « Une croissance rapide fragilise les os » Rémi Checchetto. Mon corps depuis quelque temps me parlait : une insomnie, un réveil nocturne, une bouffé d’angoisse. Mon corps m’alertait, je le sécurisais avec persuasions, mais le corps n’a rien à faire de ma raison. Mon corps exprimait sa limite, mais mon désir sans limite tentait en vain de séduire mon corps. « J’ai eu la bassesse d’être hautain ». Dans mon travail, je prends la sécurité avec gravité, je l’ai prise à la légère dans mon quotidien. « La hauteur ne se prend pas à la légère ». Je n’ai jamais commencé à grimper, je ne finirais jamais de grimper, mais je continue d’apprendre à descendre. « Je cherche mon descendeur pour redescendre et découvrir de nouveaux horizons ». Pourquoi ne pas coter la descente ? On grimpe porté par son désir, sa volonté mais on descend par nécessité. On ouvre des voies vers les sommets, mais la voie de la descente n’a pas besoin de nous pour exister. Ce chemin s’ouvre tout seul, parfois sans prévenir. « Cette voie de la désescalade L’escalier dérobé est côté 8 k/c » Hervé Thibergien.
On fête l’ascension pourquoi ne pas fêter la descension ?
Pourtant, j’avais déjà commencé à retourner mon regard vers le bas, mais la gravité altière est au fondement de notre civilisation occidentale. « Je suis encore sous l’emprise du sommet ».
«Je vois cet homme redescende. Cette heure est comme une respiration cette heure est celle de la conscience. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux » Albert Camus Le mythe de Sisyphe
Je suis heureux, car je grimpe et je redescends.
Verticalement, verticalmant
Antoine Le Menestrel

Le site Web de la Compagnie des Lézards Bleus


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