Avalanche mortelle de Ceillac : la contre-enquête du Club alpin ne convainc pas le procureur

Alain Vincent, Bruno Girard, Carol Nash-Hamilton, Guy Rondot, Jacques Chabrier, Jeanne David. Six noms effacés par une coulée blanche. Six êtres emportés par une avalanche. Six membres du Club alpin français (Caf) du Guillestrois tragiquement disparus, le 24 janvier, sur les hauteurs de Ceillac, dans le massif du Queyras.

Pour tenter de comprendre le tragique bilan de cette sortie en ski de randonnée, le Caf a procédé à une enquête interne… dont les conclusions ne corroborent pas forcément les premiers éléments d’investigations agglomérés par les officiers de police judiciaire du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Briançon.

Le Caf retrace l’itinéraire des randonneurs

« À la vue des informations recueillies, il a été émis l’hypothèse que le groupe, expérimenté et bien équipé, skiait sur des pentes moyennes et que son chef, un leader reconnu, conscient du risque, faisait descendre ses équipiers un par un comme l’exigent les règles de sécurité. Le groupe est descendu de la crête des Crestettes du vallon du Bachas dans des pentes à maximum 30°, et non pas dans celles à 45° du couloir de la Mamelle. Il semble que trois skieurs (dont le chef de groupe), avaient descendu un par un une partie de la pente et attendaient ensemble d’être rejoint. Un dispositif enseigné dans les manuels et appliqué dans ses nombreuses sorties par le leader, breveté FFCAM ski de montagne et alpinisme, qui limite le risque à un seul skieur. Mais l’avalanche de grande taille (300 m de large sur 900 m de long) s’est déclenchée loin au-dessus du groupe et a déferlé avec un volume de neige difficile à prévoir, les emportant tous. Allant même au-delà des précautions ordinaires, le chef de groupe avait fait une première reconnaissance cinq jours avant la sortie, montant à la crête des Crestettes pour observer d’en haut les conditions de neige dans le vallon du Bachas. Il était encore remonté la veille de la sortie pour repérer le début de l’itinéraire de montée », précise le Caf dans sa contre-enquête.

Des suites judiciaires pas exclues

Une contre-enquête qui a « surpris » le procureur de la République de Gap.

Raphaël Balland explique : « La démarche peut être intéressante mais je ne sais pas comment le Caf peut déduire autant de certitudes alors que les gens sont morts et qu’il n’y a pas de témoins. Cette enquête interne est donc fondée sur des éléments très partiels. »

Il poursuit : « L’enquête pénale est toujours en cours et, en l’état, elle infirme en grande partie l’hypothèse avancée par cette prétendue enquête interne, tant sur l’interprétation donnée aux photographies prises sur le lieu de l’avalanche, que sur le positionnement des victimes au moment du déclenchement de l’avalanche. Je m’étonne qu’un organisme qui, dans les premiers temps, se disait étranger à l’organisation de cette sortie en montagne, ait estimé opportun de diffuser un tel communiqué avant de connaître les conclusions de l’enquête pénale. L’enquête de gendarmerie a d’ailleurs permis de mettre en évidence que cette sortie était en réalité organisée dans le cadre du Caf du Guillestrois qui l’avait fixée à son agenda.»

À l’issue de l’enquête pénale qui ne saurait tarder, le procureur fera connaître sa décision sur les suites judiciaires à donner à cet accident qui a causé la mort de six skieurs.

Source dauphine.fr

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