Imaginez un métro qui roule sans conducteur, avec une précision d’horloger suisse : un train toutes les 90 secondes, comme une chorégraphie parfaitement réglée. Ce n’est pas de la science-fiction, mais bien le prochain grand projet d’Alstom à Taïwan. L’entreprise française vient de signer un contrat de 159 millions d’euros pour équiper la ligne bleue du métro de Taichung avec son système de signalisation automatisée. Et derrière ce chantier titanesque se cache un enjeu majeur : repenser le transport urbain à l’heure où les villes débordent et où chaque seconde compte.
Urbalis : le cerveau du métro
Ce qui fait la force du projet ? Un bijou technologique baptisé Urbalis. Ce système CBTC (Communication-Based Train Control) ne se contente pas de faire circuler des trains. Il les fait dialoguer avec l’infrastructure en temps réel. Fini les signaux fixes comme au bon vieux temps, chaque rame connaît sa position à la seconde près et ajuste sa course en conséquence.
Résultat ? Moins d’attente, plus de fluidité et un réseau qui s’adapte aux pics de fréquentation sans jamais cligner des phares. Ce n’est pas un gadget : plus de 190 lignes dans 32 pays l’utilisent déjà, de Paris à São Paulo. Urbalis, c’est un peu le chef d’orchestre numérique d’un ballet de wagons.
Alstom, acteur clé d’un consortium international
Dans ce nouveau contrat taïwanais, Alstom ne vend pas des trains, mais leur intelligence. La société s’intègre à un consortium international composé, entre autres, de Singapore Technologies Engineering, CTCI et Hyundai Rotem. Son rôle ? Installer et assurer le bon fonctionnement de la signalisation – autrement dit, garantir la sécurité, la régularité et l’efficacité énergétique du réseau.
Et ce n’est pas une première : Alstom avait déjà équipé la ligne verte de Taichung en 2021. Aujourd’hui, elle enchaîne avec la bleue, tout en poursuivant d’autres projets dans l’île, notamment les lignes Wanda et la Taipei Circular Line. Une preuve de confiance renouvelée de la part des autorités taïwanaises.
Résilience et flexibilité au menu
Taïwan n’est pas un terrain facile : typhons, séismes et pics de fréquentation imprévisibles. Urbalis, grâce à sa gestion à distance, peut remettre un réseau en route plus rapidement après une perturbation. Et s’il faut doubler la fréquence ou rallonger une rame ? Pas de souci : le logiciel évolue, la structure reste.
C’est aussi une réponse aux défis politiques : en réduisant la dépendance à la main-d’œuvre, on gagne en autonomie, en sécurité… et en économies.
Alstom, l’ambassadeur mondial du métro automatisé
Ce projet à Taïwan, ce n’est pas juste une belle vitrine. C’est une carte de visite pour les mégalopoles du monde entier. Bangkok, Jakarta, Mexico… toutes cherchent à moderniser leurs réseaux. Et avec plus de 30 ans d’expertise CBTC, Alstom a de quoi convaincre. Ses solutions transportent déjà 12 milliards de passagers par an, avec des références prestigieuses comme le métro de Paris (103 nouvelles rames commandées pour 1,1 milliard d’euros) ou celui de Lille (15 rames automatiques livrées pour 210 millions d’euros).
Plus de 6 000 rames sans conducteur signées Alstom circulent aujourd’hui dans plus de 22 grandes villes. Un exploit qui en dit long sur la puissance – et la pertinence – de son offre.
Le métro, levier d’aménagement urbain
La ligne bleue de Taichung ne se contente pas de relier des points sur une carte. Elle relie des vies. En croisant les lignes verte et orange, elle transforme le métro en un système nerveux multimodal, essentiel pour une ville de 2,8 millions d’habitants en pleine expansion.
Plus qu’un simple moyen de transport, c’est un outil de cohésion urbaine, qui fait respirer la ville et facilite son développement. Et ça, Alstom l’a bien compris.