Critique film : High Limit

« High Limit », ou 125 jours en Amérique
Septembre 2009. Les grimpeurs alsaciens Pierre Bollinger et Florent Wolff abandonnent leurs boulots et leur grès rouge des Vosges pour un voyage itinérant de grimpe de 4 mois en Amérique du Nord. Le but de leur visite est très simple : partager des moments singuliers de grimpe et aller à la découverte de quelques  sites mythiques d’Outre-Atlantique. Un an et demi après, Florent boucle son opus et propose en décembre dernier « High limit », un journal de bord de 52 minutes narrant les péripéties des deux amis.


Tout démarre tranquillement sur le granite de Squamish au Canada, la ville aux 200 jours de pluie par an ( !) avec l’esthétique  rampe de « Permanent wave » et son dynamique final coquin, suivi de la première fissure du film, peu accueillante et semblant bien trop physique : « Division bell ». On sent tout de suite que la voie off de Florent expliquant le sens de leur voyage, et l’exposé très simple de leurs sensations et états d’âmes apporte un plus indéniable aux images. S’en suit une petite halte à Mikey’s Beach en Californie pour un essai dans le superbe dévers sculpté de « Surf safari », le tout au dessus du Pacifique s’il vous plaît ! Un décor fort sympathique et une voie dont le rythme et le côté « american style » (gros moves sur prises éloignées avec les pieds qui partent) séduisent.

Place à un bon quart d’heure de Yosemite où le duo est rejoint par deux amis : Thomas Leleu et Jérémie Chenevetot. Il faudra bien cela pour se frotter aux offwidth, ces fissures larges évasées si exigeantes à remonter et épuisantes à tous les niveaux. Le film prend ici un petit côté historique où le groupe avance sur les traces de Ron Kauk, s’essayant au toît mythique de « Separate reality ». Cela ne rigole pas non plus dans « Tales of power » où l’on appréhende bien la difficulté d’un effort pour remonter ces déroutantes fissures granitiques. Quelques interludes dans les classiques du « Nose » ou de « Midnight lightning » sont aussi au menu, avec en fil conducteur des essais de Pierre dans le vieux projet de Knobby Wall, proposant du pur bourrinage « conventionnel » sur arquées plates en dévers les pieds à plat.

Changement de décor avec l’Oregon et la découverte de Smith Rock le temps d’un rencontre avec le local Ian Caldwell et du run victorieux de Pierre dans « Shoot’em up », 8c, une première ascension avec une féroce section de départ sur monos tranchants qui ne fait pas marrer. L’escalade ici paraît encore exigeante, technique sur les pieds et très à doigts. Les contions très froides ont l’air extrêmes ! La séquence est un peu courte, dommage ! Quelques plans de Virgin River Gorge plus tard et voici déjà l’épilogue.

Au final, peu de temps morts, on ne s’est pas ennuyé pendant cette petite heure. Les séquences de grimpe, même si elles n’ont pas le tranchant d’une grande production américaine ne mettent pas l’accent sur les performances et le détail des voies, mais plutôt sur l’atmosphère des spots parcourus et aussi le style de grimpe proposé. Idéal pour ne pas se laisser fausser par la magie d’une vidéo et décevoir sur place.
L’ambiance spéciale que l’on peut retrouver en voyage mêlant dépaysement, isolement, excitation, débrouille, fatigue, émulation, galère est particulièrement prégnante. High Limit présente un récit vivant et une belle compilation de grimpe dans les falaises de l’Ouest des US. Un récit personnel, intimiste et sincère, ou rien n’est caché et rien n’est sur joué. Les réussites mais aussi les buts pris par la bande sont d’ailleurs immortalisés.

Dommage que leur voyage autour du Monde, initialement prévu sur un an et sur d’autres continents ait été avorté en Espagne suite à la blessure de Florent. Car on aurait volontiers visionné un nouvel épisode pour découvrir d’autres contrées !

– Le journal de bord de Florent et Pierre sur Escalade Alsace, avec des récits et des images 

– Le Trailer de High Limit

– Commander High Limit (6 euros)

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