David Lama revient sur le Cerro Torre… la polémique se poursuit

En 1959, Cesare Maestri avait tenté de gravir le sommet du Cerro Torre par sa face Nord. Au cours de cette tentative, son compagnon de cordée, Tony Egger trouva la mort. Redescendant seul de la montagne, Maestri avait alors prétendu avoir réalisé la première du sommet.
De nombreux doutes étaient apparus peu à peu quant à la véracité de cette ascension, générant une suspicion qui poussa Maestri a retourner sur le Cerro Torre en 1970 pour ‘prouver’ la réalité de son ascension de 1959 (itinéraire qui n’a jamais pu être répété malgré les tentatives de grimpeurs tels que Alexander Huber, Stefan Siegrist, Thomas Ulrich, Toni Ponholzer, Ermanno Salvaterra, etc)
C’est sur l’arète Sud Est qu’il concentra alors ses efforts, équipant la paroi de kilomètres de corde fixe et posant plus de 350 spits à l’aide d’un compresseur pour effectuer une traversée évitant l’arète couverte de givre. (L’arète fût réalisée intégralement par Ermanno Salvaterra et Mauro Mabboni en 1999). L’itinéraire offrait pourtant de bonnes fissures, mais les pitons avaient été oubliés plus bas dans la voie.
L’expédition arrivera finalement au pied du champignon de glace mais sans le gravir, Maestri interdisant a ses compagnons de le rejoindre au dernier relais.
En redescendant, Maestri détruisit les points de la dernière longueur de son échelle de spit. La longueur désormais connue comme longueur Bridwell fût rééquipée par Jim Bridwell lors de la première ascension intégrale de cet itinéraire (et troisième du sommet) en compagnie de Steve Brewer en 1979.

Loin de taire la polémique, l’ ascension de maestri avait provoqué un véritable scandale, Messner la qualifiant de ‘meurtre de l’impossible’.

L’année passée David Lama et Daniel Steuerer étaient partis pour tenter de libérér la voie et de passer sans l’échelle à spit de Maestri.

L’expédition financée par Red Bull et avec la bénédiction de Reinhold Messner n’avais pas pu libérer un seul mètre de la voie étant donné les conditions climatiques excécrables de la saison, conditions dues en grande partie au phénomène d’el Nino.
Le souci, c’est que dans le cadre de leur projet de libération et du tournage d’un film sur leur réalisation, des guides ont ‘préparé’ la voie, fixant près de 700m de corde et plus de 60 spits là ou aucun point n’avait été posé jusqu’alors.
Les cordes furent retirées par des guides argentins quelques semaines plus tard, mais deux énormes sacs de hissages avaient dû être abandonnés sur place, les guides étant dans l’impossibilité de les transporter sans hélico.

Rolando Garibotti, célèbre andiniste argentin, spécialiste de la Patagonie avait alors donné un Carton rouge pour David Lama et Daniel Steuerer pour leur manque d’éthique.
David Lama avait ensuite tenté de se justifier et avait apporté quelques précisions.

Mais il fût peu a peu démontré notamment par Colin Haley (voir son blog) que plus de 30 spits avait été posés sur la partie inférieure de l’itinéraire, à côté d’ancrages naturels, et cela grâce à un compresseur et a des endroits où même Maestri n’avait pas posé de points.

David Lama et son équipe de tournage sont de retour depuis deux semaines à El Chalten et Colin Haley s’est entretenu avec lui.
La bonne nouvelle c’est qu’il se sont engagés a ne pas poser de cordes fixes et a retirer les points posés l’année passée.

La mauvaise nouvelle c’est que David Lama emporte un kit de spitage qu’il envisage d’utiliser pour équiper la ligne de libre depuis le haut après être monté par la voie du compresseur. Colin Haley a essayé de lui faire comprendre que l’éthique voudrait qu’il pose ses points en montant, en utilisant des crochets (hooks).
Question de Colin : ‘Tu sais que les alpinistes vont pas du tout apprécier que tu poses des points en rappel, non?’
Réponse de David : ‘Ca ne me dérange pas’

Dans une interview a Redbull, avant de venir en Patagonie, David Lama s’exprimait ainsi :’Autrefois, seul le résultat comptait, et peu importait la manière. Pour parvenir a ses fins, on pouvait utiliser des pitons voir des échelles. Pour ma part, je souhaites faire cette ascension sans aucune forme d’aide.’

Colin Haley relève le côté ironique du fait que David ne se sente pas capable d’équiper sa variante en tête et qu’il envisage d’équiper depuis le haut. Comment ferait il sans l’échelle de spits en A0 de la voie du compresseur?
Sans cette ligne du compresseur, David devrait pour pré-équiper sa ligne, gravir le Cerro Torre par un itinéraire difficile ou se faire héliporté. ‘C’est une honte que David Lama n’ait pas plus de confiance en ses capacité de gravir ce projet proprement, en style alpin‘ conclut Colin.

Le blog de Colin Haley (en anglais)

Plus d’infos (en espagnol)

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