SASER
KANGRI II, 7518 m., Inde
Les
Américains Mark Richey, Steve Swenson et Freddie Wilkinson pour la
première du Saser Kangri II dans le Karakoram indien, sommet vierge
jusqu’alors (NDLR : et second
plus haut sommet vierge de la planète)
! Après quatre jours d’ascension et trois bivouacs dans la raide
face sud-ouest, haute de 1700 mètres, la cordée a finalement
atteint la cime le 24 août, après avoir rencontré les principales
difficultés techniques dans la partie haute (WI4, M3) avant retour
au camp de base le 25. Steve a réussi à suivre ses compagnons
jusqu’au sommet malgré une forme amoindrie par une crise de sinusite
et des difficultés respiratoires depuis le début de l’expédition.
Synonyme d’exploration et de style alpin engagé à haute altitude,
le jury a retenu cette ascension pour son style « classique »
exemplaire.
K7,
sommet ouest, 6615 m., Pakistan
Les
jeunes slovènes Luka Strazar et Nejc Marcic, 23 et 26 ans, pour la
première de la face ouest vierge du K7 ouest par la voie « Dreamers
of the Golden Caves » !
Pour leur première expédition en Himalaya, ils réalisent rien
moins que la troisième ascension de ce sommet désormais célèbre
en vallée de Charakusa, gravi pour la première fois par leur pair
Marko Prezelj en 2007 (avec Steve House et Vince Anderson, par la
face sud). La cordée a atteint la cime après l’escalade en pur
style alpin d’un itinéraire mixte soutenu (Difficultés annoncées
: AI5, M5, A2) haut de mille six cents mètres et couvert en trois
jours du 6 au 9 septembre 2011. Pour une première expérience en
Himalaya, le jury a tenu à honorer la technicité, le style
minimaliste et l’engagement des jeunes slovènes !
Le
président de jury, Michael Kennedy a également mentionné l’ascension de la
Torre Egger et rendu hommage à Bjorn-Evind Artun, l’ascension
réalisée par la cordée norvégienne les 25 et 26 décembre 2011
ayant constitué selon ses termes « un nouveau niveau de
difficulté dans l’escalade glaciaire » (La cordée a utilisé
un placage de givre exceptionnel de 350m dans la partie sommitale de
la face Sud de la Torre Egger). Mais pour respecter la tristesse de
la communauté alpine norvégienne (Ole Lied, le partenaire de Bjorn,
n’était pas présent à Chamonix pour cette raison), le jury a
choisi de ne pas attribuer de prix à l’ascension.
En
définitive, Michael Kennedy a tenu à rappeler que si toutes les
ascensions nominées étaient magnifiques, représentatives du plus
haut degré d’aventure, d’engagement et des valeurs fondamentales de
camaraderie, de respect de l’environnement et des cultures locales,
le choix des vainqueurs était logiquement tenu à la subjectivité
du jury et au choix « venant du cœur », lequel jury comptait
cette année rien moins que Valéry Babanov, Alberto Inurrategi ou
Ines Papert. « Le Piolet d’Or est moins une compétition qu’une
célébration de nos valeurs communes que sont la passion,
l’aventure, le respect et l’humilité, ce dans le but de rassembler et
inspirer les grimpeurs de toutes les générations».
L’autre
point fort de la soirée, dans cette optique de rassemblement et de
transmission, était la remise du Piolet d’Or Carrière, désormais
rebaptisé « Prix Walter Bonatti » à Robert Paragot,
premier français lauréat du prix. « Je ne sais pas si je le
mérite, mais je l’accepte avec joie car c’est le choix de mes
pairs ». Après l’évocation de son aller simple pour
l’Aconcagua en 1954, Robert Paragot a tenu simplement à rappeler
l’importance du chemin et de l’échange entre les générations puis
est remonté sur scène féliciter les lauréats et l’ensemble des
nominés.
Cette
année encore le Piolet d’Or a tenu ses promesses de rassembler la
communauté des alpinistes du monde entier afin de célébrer un
alpinisme « classique » et humain.