Les grands carnivores, ours, loups, lynx, chacal doré, ne sont pas des animaux de montagne à proprement parlé même si, actuellement, c’est bien essentiellement dans le milieu montagnard que nous les trouvons. Leur présence pose problème aux populations et activités humaines autochtones, notamment aux éleveurs. Les chasseurs sont concernés dans le cadre de leurs activités cynégétiques. Et les randonneurs, grimpeurs, vététistes, canyonistes, etc…. ?
Coexistence difficile
La Direction Générale Environnement (DG) de la Commission Européenne a pris conscience en 2012 qu’il y a un problème sérieux de cohabitation ou coexistence entre les populations locales et les grands carnivores. Un premier Workshop est organisé le 25 janvier 2013 sans les organisations écologistes. C’était le point de départ d’un dialogue qui ne manquera pas de nous étonner.
En juin 2013, la DG Environnement rédige « A manifesto for large carnivore conservation in Europe » (Un manifeste pour la conservation des grands carnivores en Europe) qui est présenté au second Wokshop de décembre 2013 dont nous n’avons eu aucune information sauf une déclaration d’italiens opposés aux loups. Un manifeste qui n’en est pas un et même qui n’existe pas selon certains acteurs… Une embrouille sans précédent avec des acteurs ambiguë qui s’imaginent que l’information ne circule pas.
Pour le 10 juin 2014, ce ne sera donc pas un « manifeste » mais une « plateforme » qui consacre néanmoins le principe de base de la « coexistence entre les populations et les grands carnivores » pour participer aux réunions. Même s’il est expliqué qu’il faudra tenir compte des spécificités régionales et locales, la discussion est à priori fermée à ceux qui, comme dans les Pyrénées, sont hostiles à tous grands carnivores.
Acteurs du tourisme et des sports de nature non consultés
A aucun moment les acteurs du tourisme qui évoluent sur les mêmes territoires n’ont fait l’objet d’une consultation alors que les conséquences pour leurs activités ne sont pas neutres. Pire, des restrictions d’activité, comme c’est déjà le cas avec l’ours ou le gypaète barbu, sont envisagés, y compris avec des réserves intégrales comme dans le Mercantour.
La directive habitats avec sa notion non définie de « dérangement », les trames vertes et bleues, les créations d’autres réserves, etc… Mais aussi les terrains achetés par des ONG environnementalistes pour un classement « rewilding » conformément à des objectifs du WWF fixés en 1997, pourraient bien mettre à mal, à court terme, les libertés de pratiques au profit d’aires « ludiques » limitées telles que les stations de ski.
L’absence de dialogue et surtout d’informations alors que se développent des réunions où tout est convenu dans un cadre discret pourrait nous apporter un lot de surprises dans les mois à venir en provenance d’une commission européenne qui, dans le domaine des grands carnivores, a toujours tendance à imposer son point de vue.
Louis Dollo