John Roskelley, Piolet d’Or Carrière 2014

John Roskelley,

Piolet d’Or Carrière 2014.

Photo : J.Roskelley collection.

Après Walter Bonatti, Reinhold Messner, Douglas Keith Scott, Robert Paragot et Kurt Diemberger, cette année le comité des Piolets d’Or a choisi d’honorer la carrière d’un alpiniste aussi discret que prolifique : John Roskelley.

Né en 1948, inspiré dès son plus jeune âge par la lecture d’ « Annapurna 1er 8000 », l’intéressé affirmait hier soir avoir eu la chance de vivre son apogée de praticien lors des années 70/80, époque où Reinhold Messner avançait tout juste ses préceptes novateurs en matière de style léger.

Ainsi vont s’accumuler à un rythme de métronome les ascensions d’ampleur dans le meilleur style. Outre ses multiples tentatives, parmi ses succès on compte, en Himalaya :

  • la première de la face nord-ouest de la Nanda Devi (7816m) en 1976 dont il est la cheville ouvrière,

  • la première du Gaurishankar (7135m, Rollwaling, sommet emblématique du Népal sur lequel est fixé son fuseau horaire) en 1979 en style traditionnel, réalisant l’assaut final avec le Sherpa Dorje, alors totalement inexpérimenté et devenu du coup un héros à son retour à Kathmandou!

  • une répétition du classique pilier Ouest du Makalu (8485m) en style alpin en 1980, dont il atteint le sommet en solo

  • la première de la technique face Est du Tawoche (6495m) avec Jeff Lowe en 1988, après une première tentative en 1984 avec rien moins que Jim Bridwell et Naoe Sakashita (première de la face nord du Kangch’ directe en1980).

Roskelley, posant l’air dégagé au pied de la face ouest du Gaurishankar.

Photo : J.Roskelley collection.

Dans le Karakoram c’est :

  • la première en style alpin de la Grande Tour de Trango (6286 m) en 1977, notamment avec le célèbre photographe Galen Rowell

  • La première de la curieuse et esthétique arête Nord-Est du K2 (8611m) en 1978 (première américaine du K2), dans la seconde cordée d’assaut avec Rick Ridgeway (la première cordée était composée de Jim Wickwire et Lou Reichardt), itinéraire rarement revisité.

  • la première en style capsule de la splendide Tour d’Uli Biaho (6109m) en 1979, encordé avec Ron Kauk. Lui devra négocier « un mushroom cauchemardesque, posé tel un kiwi perché sur 2 pattes qui barre l’arête sommitale », possédant le seul piolet de l’équipe !

La superbe tour d’Uli Biaho. Roskelley eut un choc en l’aperçevant du sommet de la grande Tour de Trango en 1977 et se promit de retourner la gravir. Deux ans plus tard c’était chose faite !

Photo : Afzal – Summitpost

John Roskelley a insisté sur son bonheur d’avoir connu une époque « sans plastic boots, gore tex, nuts, friends et autres moyens de communication sophistiqués moderne, sans GPS, satelite phones, facebook, tweeter ». Lui n’avait qu’à prendre un cahier d’impressions, un livre et une petite radio pour ustensiles de voyage et vivre une aventure libre !

Il a également rendu hommage avec humour à sa femme Joyce, rencontrée lors d’une initiation à l’escalade : « j’ai du l’aider un petit peu pour se sortir d’un passage délicat : 6 mois plus tard nous étions mariés ! ». Celle-ci l’a toujours soutenu dans ses projets d’expéditions et leur mariage dure depuis 41 ans.

Aujourd’hui alpiniste toujours actif, avec notamment une réussite à la célèbre « Slipstream » en 2009 et l’ascension l’an dernier de « Goats Beard », la plus longue cascade des USA, John Roskelley est également un homme de conviction engagé dans la vie politique de sa cité de Spokane (état de Washington) où il est établi.

C’est un alpiniste de grande classe qui recevra ce soir à Courmayeur l’autre distinction phare de cette fête des Piolets d’Or.

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