Eiger 1938 ou la naissance du Dry-Tooling enfin révélée !

En 1935, les Munichois Sedlmayer et Merhinger ouvrent le livre de ce qui est pour moi le plus gros mythe de l’alpinisme européen. Ne doutant de rien, ou presque, ils pensent à une ligne directe; vue du bas, la paroi semble être une succession de ressauts courts et relativement aisés. Les grimpeurs passent plus d’une journée pour atteindre le premier névé, la paroi s’avérant bien plus difficile que prévu, surtout bien plus englacée que prévu. Après avoir bivouaqué au somment du 3eme névé, ils attaquent directement, négligeant la rampe, du moins c’est ce qui est supposé, les pitons retrouvés plusieurs années plus tard le laissant penser.

Dès le 3eme névé plus de traces, plus d’activité, plus rien. Quinze jours après, un avion survolant la paroi repère un corps au somment du 3eme névé; c’est celui de Sedlmaier ! De son compagnon, aucune trace. Ce bivouac du 3eme névé va prendre le tristement célèbre nom de ‘Bivouac de la Mort’

En 1936, le gouvernement du canton émet une interdiction de gravir de courte durée. Considéré sous l’angle de la prévention du risque, L’Eiger des alpinistes, c’est un peu le Brévent des Bases Jumper. Pour mémoire, les sauts du Brévent ont été aussi interdit pour une courte durée il y a quelques étés. Ce parallèle de la gestion des ‘choses’ visibles par le grand public, le Brévent se voit de Cham’ comme l’Eiger de la Kleine Scheiddeg’, est consternante. Interdire pour rassurer la masse braillante et inculte…

Retour en 1936, les bavarois Toni Kurtz et Andreas Hinterstoisser font équipe avec Willy Angeler et Eduard Rainer, deux Autrichiens. Ils vont trouver l’accès idéal à la face nord. Attaquant à droite, passant à proximité du ‘Trou du voleur’, le sollenloch. Ce trou, situé dans le premier tiers inférieur, est un regard d’exploitation ayant servi à l’évacuation des gravats lors du creusement du tunnel pour installer la voie ferrée. Hinterstoisser va par une géniale traversée à gauche trouver le chemin menant au premier névé. Cette traversée portera définitivement son nom. Aujourd’hui une corde fixe est posée à demeure ; elle facilite grandement la traversée, et surtout offre une possibilité de retraite si besoin :car il est quasi impossible de faire la traversée dans l’autre sens.

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