Peter Beal nous propose régulièrement des réflexions sur la pratique de l’escalade.
Avec une connaissance avérée de l’escalade, des grimpeurs et du microcosme, ses propos font souvent mouche.
Nous partageons beaucoup de ses analyses, et notamment la dernière en date qui nous concerne particulièrement :
Est-ce simplement le moment d’arrêter d’écrire ? La première raison pour laquelle je me pose la question est qu’il existe toujours moins de support ou d’audience pour ce dont j’ai envie de parler. Les médias « grimpe » par exemple sont maintenant divisés en petites catégories. Il y a les blogs de grimpeurs qui traitent principalement du quotidien monotone du grimpeur mâtiné de complaisance vis-à-vis de ses sponsors et d’optimisme et d’enthousiasme forcé.
Il y a les news répétitifs et sans fin relatant des ascensions d’intérêt marginal qui ne se justifient que par un impératif marketing et empreinte de fausse modestie, d’auto satisfaction et de psychologie de bas étage.
La même succession sans fin de vidéos se voulant virales, pauvres mélanges de time-lapses sans profondeur crées via la magie des derniers programmes en vogue, complétez par des réflexions triviales issues d’interviews filmées avec l’omniprésence du sponsor présent ou futur… (…)
La culture du marketing a tellement colonisé le sport qu’il n’existe plus de place, qui ne soit réel ou culturel, qui ne soit à un degré ou un autre parasité par la présence d’un message de promotion d’un produit quel qu’il soit.
Mais pouvons-nous nous plaindre que les marques agissent ainsi ?
Il semble que ce soit ce que les grimpeurs recherchent.
L’idée que la grimpe était une quête en soi qui entraînait une réflexion sur soi et pas seulement l’opportunité de visuels choc et de slogans superficiels n’est plus à la mode. Nous sommes à un point où l’esprit de l’activité est sur le point de disparaître au profit du seul message commercial.
Suis-je le seul à penser ainsi ?
A lire les articles dans les magazines, il semble qu’il n’y ait pas beaucoup d’autres voix à s’élever pour pousser le navire dans une autre direction ayant plus de sens, pour questionner les grandes vérités douteuses assénées par le marketing de l’information et de l’image qui domine aujourd’hui.
Les grimpeurs ne semblent pas intéressés pour débattre de sujets importants, surtout les pros, qui n’existent que selon le bon plaisir d’une industrie qui juge leur valeur a leur capacité de fournir une image favorable à l’entreprise ou au produit.
Ceux qui ne font pas partie du sérail ne semblent n’avoir pour seul désir que d’entrer dans le cercle restreint de ceux qui en sont, leur intégration assurant la pérennité du modèle marketing.
Comprenez que je ne suis pas en train de dire que les entreprises ne doivent pas exister ou qu’elles ne doivent pas faire la promotion de leurs produits. L’escalade telle que nous la connaissons n’existerait pas sans eux. De même les magazines ne doivent pas chercher systématiquement le débat et la polémique. Mais l’importance qu’a prise le message commercial en devient étouffante.
Tout le monde semble avoir pour seul objectif de devenir le représentant d’une marque, sans recherche de recherche de réalisation personnelle ou sportive comme si c’était la finalité de l’activité.
Il semble également qu’il ne soit plus possible au niveau éditorial de traiter de sujets sérieux. L’autocensure dans ce climat semble inévitable, ce qui signifie que certains sujets importants voir vitaux ne sont plus traités et que des perspectives ne sont plus envisagées à cause de la gêne qu’elles pourraient entraîner.
Que pouvons-nous faire par rapport à cela ?
Kairn.com ajoute ici sa voix à celle de Peter :
Nous voudrions suggérer aux lecteurs de proposer des sujets qui ne sont pas traités et qui pourraient être importants pour la communauté dans son ensemble. Nous en avons quelques-uns mais nous aimerions beaucoup que la communauté s’empare de cette opportunité. Il est temps pour les grimpeurs (du débutant au professionnel) de reprendre la parole et de s’engager avec respect sur le terrain des convictions et des idées.
N’hésitez pas à nous contacter