Montagne – Alpinisme – Faudra-t-il renoncer à certaines ascensions ?

Comme la mode actuelle est de mettre la COP 21 à toutes les sauces, il fallait bien qu’un journaliste lance l’affaire avec un titre accrocheur « COP21 : les alpinistes vont-ils devoir renoncer à certaines ascensions mythiques ? » France Infos du 28 novembre a osé en interrogeant Liv Sanzos

Des étés plus chauds

A peu près tous les deux ans, les médias et les spécialistes nous annoncent, dans le meilleur des cas, l’été le plus chaud et au pire l’année la plus chaude. C’est tout juste si la fin du monde et la disparition de la planète ne sont pas programmés.

En montagne, il y a longtemps que les randonneurs comme les alpinistes constatent que la fonte de glaciers ou de grands névés modifient soit des itinéraires, soit des voies d’ascension. Elles peuvent devenir impraticables ou plus difficiles, qu’il s’agisse des Pyrénées, des Alpes, des Andes ou de l’Himalaya. Des éboulements, des glissements de terrain se constatent un peu partout. Rien que dans le massif du Mont-Blanc, ce ne sont pas moins de 150 éboulements qui ont été constatés cet été. Et ne parlons pas de ceux du passé. Le couloir du Gouter en est la parfaite illustration et ce n’est pas la création d’un tunnel, comme il avait été envisagé, qui y changera quelque chose. Le réchauffement, autant que les infiltrations d’eau de pluie dans d’autres lieux, déstabilisent le sol dans sa structure immuable depuis des centaines d’années.

Un pont ou un tunnel pour sauver des vies au mont Blanc

Dans cette émission, Liv Sansoz est réaliste : ‘Le propre de l’alpinisme est de s’adapter. Il va peut-être falloir décaler dans la saison des courses, et renoncer à grimper le Mont-Blanc au mois d’août’. D’ailleurs, certains guides ne prennent pas le risque et proposent d’autres objectifs.

Lorsqu’il s’agit de la fonte des glaciers et de la réduction de leur épaisseur, ce sont des voies qui peuvent changer de nature et de niveau de difficulté. L’exemple du Montenvers et de la Mer de Glace est une parfaite illustration. Dans les Pyrénées, la disparition du Glacier Baché change totalement la nature de la voie normale du Pic Long.

Pourrons-nous freiner cette tendance ?

Peut-être. Mais à quelle échéance ? Les décisions prises seront-elles suffisamment réalistes pour être appliquées ? A un coût supportable ? Voilà bien des questions qui trouveront des réponses avec le temps. Et puis, dans quelles proportions l’humain et ses pollutions sont-ils responsables de la situation ? Le consensus scientifique n’est pas assuré et des recherches devront se poursuivre. Mais dans ce cas, comme dans d’autres, il faudra sans doute que les chercheurs retrouvent une certaine liberté de pensée et de réflexion pour ne pas sombrer dans les préceptes des faits acquis et indiscutables afin d’avancer vers des solutions.

Plus que le réchauffement lui-même, la lutte contre les pollutions, le plus grand problème est sans doute l’idéologie de la pensée unique de quelques gourous bien incrustés dans les ONG à la solde des grands pollueurs du monde. Quant aux actions individuelles, aussi sympathiques qu’elles puissent être, leurs incidences positives sont assez négligeables. En attendant, le pratiquant de la montagne sous toutes ses formes devra s’adapter à la nature qui commande tout.

Louis Dollo

Laisser un commentaire

treize − trois =