Selon un sondage ASPAS – IFOP, les français aiment les loups… loin de chez eux

Ce sondage de l’IFOP présenté par l’ASPAS est intéressant. En fait c’est la présentation qui a un intérêt pour comprendre la manipulation car le sondage, lui-même, était absent de la communication de l’ASPAS. Au départ, la presse n’avait pas les résultats complets. Tout reposait sur un communiqué de presse de l’ASPAS avec ses propres interprétations. D’où plusieurs interrogations : Quelles questions ont été posées ? Dans quelles conditions ? Quand ? Auprès de qui ?

L’ASPAS et One Voice n’apportaient aucune réponse à ces questions. Nous devions accepter sans discuter, comme dans les dictatures, le point de vue de ces associations qui disposaient, à elles seules, de la connaissance et du savoir.

Nous avons pu obtenir tous les éléments manquant au puzzle amorcé sur le site Web de l’ASPAS. Nous publions ainsi le rapport de sondage de l’IFOP complet.

Les commentaires que nous avions faits avant d’avoir tous les éléments restent valables. Mais une analyse plus fine conduit a des commentaires assez différents et qui n’ont rien à voir avec les propos de l’ASPAS de savoir si on aime ou non le loup. Par ailleurs le faible échantillon de sondés laisse la place à une marge d’erreur conséquente notamment sur des secteurs socioprofessionnels comme les artisans.

Les résultats à prendre avec précaution

Par exemple à la question « Un animal comme le loup a sa place dans la nature en France ». Il y a 44% de sondés qui sont « plutôt » favorable. Ceci ne veut pas dire qu’ils sont acquis . Par ailleurs la question est biaisée par la notion de nature. De quelle nature parle-t-on ? En France, depuis 6 millénaires de présence du pastoralisme de montagne, il n’existe plus de nature naturelle. C’est le cas dans toute la France. Nous n’avons que des territoire semi-naturels « fruit d’une coévolution du travail de la nature et de l’homme » comme le précise le Grenelle de l’Environnement. Lorsque nous parlons de protection de cette nature ce n’est pas créer des espaces sauvages avec des bêtes sauvages partout. C’est aussi préserver les activités humaines qui contribuent à protéger l’environnement. Le pastoralisme, notamment en montagne, participe à la protection des milieux. Pour donner un sens au résultat du sondage, il aurait fallu nuancer les questions. Mais ça coûte plus cher….

Nous pouvons également citer l’autre question : « Si les troupeaux sont bien gardés, le loup a sa place dans la nature ». C’est déjà une affirmation avant d’être une question. De ce fait le sondé est piégé. La réponse est fermée. Et puis, il s’agit d’une jugement de valeur demandé à des personnes qui ne connaissent, pour la majorité d’entre elles, ni le milieu (l’estive / alpage), ni le travail, ni les contraintes techniques, etc… La notion de « bien gardé » est méconnue du sondé.

Par contre , tout lecteur peut se poser cette question essentielle : ‘quelle profession en France accepterait de voir sans cesse contestées ses compétences professionnelles, ses techniques de travail, sans cesse remis en cause ses outils de production et ses produits ?’ Ou encore : « Si votre outil et vos conditions de travail, vos compétences professionnelles, vos productions, votre vie étaient totalement remis en cause par le présence des loups, l’accepteriez-vous ? » … Il est probable que le résultat serait très différent. Mais bien évidemment, l’ASPAS n’avait aucun intérêt à poser cette question.

D’autres questions impliquant les vautours et les bouquetins ne sont que des amalgames de manipulation assez grossiers. Mais ça aide à orienter le sondage ou plus précisément les conclusions que cette association veut en tirer.

Ce sondage ne présente qu’un intérêt très secondaire puisqu’il ne sera jamais demandé aux français de s’exprimer. Ce droit de consultation publique éventuel n’est réservé qu’aux personnes sur les territoires concernées. Le jour où il y aura des loups dans toute la France, aucun souci, il y aura peu de français favorables à sa présence. Mais dans l’immédiat, avec l’argent pour payer un tel sondage, cela permet à l’ASPAS d’exister en se montrant tout en endoctrinant le citoyen.

Louis Dollo

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