Les refuges de montagne : une destination de nouveau prisée

Quelle image avez-vous du refuge de montagne (et de haute montagne) ? Pour beaucoup, il s’agit d’un endroit désuet qui a eu son heure de gloire dans les années 70-80 lorsque l’alpinisme était en vogue. De nos jours, qui voudrait, après une longue marche, dormir dans le froid, en altitude sous des couvertures qui grattent pour être réveillé à 3h00 du mat’ par un gardien bourru ? Plus personne. C’est la raison pour laquelle les refuges du XXIème siècle n’ont plus rien à voir avec l’image d’Epinal qu’une génération d’apprentis montagnards traumatisés ont gravé dans leur mémoire.

Des refuges français enfin modernes

Or, s’il y a bien une profession qui s’est remise en question ces dernières années, c’est bien celle des gardiens de refuge. Et ça paye. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la fréquentation des refuges semble en légère hausse (constatation à pondérer en fonction des années, du climat et de certains refuges). Alors qu’on entend sans cesse que le goût de l’effort est une valeur du passé, jamais autant de personnes ne se sont rendues dans les refuges. Plusieurs facteurs expliquent cet engouement.

l’amélioration notoire du confort et de l’accueil des refuges français les a rendu plus attirant notamment pour les familles

En premier lieu, l’amélioration notoire du confort et de l’accueil des refuges français les a rendu plus attirant notamment pour les familles. Ainsi des refuges voient passer de plus en plus de randonneurs et de famille venant passer une nuit en altitude ou juste prendre un repas du midi. L’amélioration de l’accueil a aussi attiré les alpinistes qui ne font plus de l’inconfort et de la souffrance une nécessité lors d’une ascension.

Ensuite, beaucoup de gardiens ont compris que les refuges sont l’outil d’une activité de loisir. A ce titre, ils sont en concurrence avec toute l’industrie du tourisme. Pourquoi une famille choisirait-elle d’aller passer une nuit en refuge plutôt que de s’offrir un baptême de parapente ou de s’initier au VTT de descente ? Les refuges doivent trouver des arguments pour attirer les clients et, surtout, les communiquer. Lorsqu’on discute avec les gardiens, on constate que la mise en place d’un site web et/ou d’un blog dans lequel le gardien communique les conditions et diffuse de jolies photos contribue à l’augmentation de la fréquentation (ex : Refuge du promontoire, Refuge du Pavé)

Des refuges 2.0

La bonne santé des refuges nous indique-t-elle que l’alpinisme se porte bien ? On prévoyait la quasi-disparition de cette discipline qui n’aurait plus sa place dans notre société obnubilée par le risque 0. Il n’en est rien. Les gardiens s’aperçoivent que le développement des disciplines tels que le trail et l’escalade en salle constituent des portes d’entrée à la montagne. Revers de la médaille : un bon grimpeur / traileur ne fait pas un alpiniste expérimenté. Or, exploiter un bulletin météo, trouver un itinéraire, lire une carte, évoluer en terrain non aseptisé demandent de la formation et de l’expérience. On voit alors aujourd’hui se peupler les refuges de deux types de population. D’une part, les jeunes très forts grimpeurs s’approprient rapidement les fondamentaux de l’alpinisme. Ceux-là sortent des itinéraires difficiles en un temps record. D’autre part, des gens très affutés grâce à la pratique du trail et de la grimpe en salle ou en falaise mais qui surestiment leur capacité à évoluer en montagne. Pour cette catégorie de personnes, il manque clairement une formation.

les sites Internet mis à jour par les gardiens sont devenus incontournables

Autre aspect de la modernité des refuges, les sites Internet mis à jour par les gardiens sont devenus incontournables. Par exemple, au refuge du Pelvoux, le gardien peut diffuser, en temps réel, les conditions sur les itinéraires. Et, des mauvaises conditions sur un itinéraire permet d’orienter les alpinistes sur d’autres itinéraires. Néanmoins, la diffusion d’informations rapides via le net peut poser des problèmes. Ainsi le refuge du Pelvoux n’a enregistré aucune réservation la semaine qui a suivi un accident dans le couloir coolidge; quand bien même cet accident n’était pas lié aux conditions du moment. Discuter de vive voix avec le gardien reste donc le meilleur moyen de se renseigner sur les conditions.

Profitez donc des tous derniers jours de gardiennage des refuges pour profiter pleinement de la haute montagne estivale. Sinon, attendez le printemps. Les refuges français ont suivi la demande des randonneurs à ski qui sont avides d’itinéraire en altitude.

Pour aller plus loin :

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