Jean-Jacques Lasserre, le président du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques s’oppose à la réintroduction de deux ours envisagé par Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire. Il vient de le faire savoir dans une lettre ouverte publiée hier.
Concrètement, il demande au ministre de « bien mesurer les conséquences » de cette opération dans une zone où « l’activité pastorale est la plus importante du massif ».
« Je pense profondément que, dans cette affaire, vous devriez prendre davantage en compte la dimension humaine et considérer les ravages causés par votre décision dans les esprits d’une population garante d’un patrimoine, d’un métier au cœur de l’histoire de notre civilisation » dit cet ancien sénateur centriste.
« L’installation d’une ferme vaut toutes les introductions de plantigrades (exotiques, qui plus est) »
« Ne pensez-vous pas que l’installation d’une ferme vaut toutes les introductions de plantigrades (exotiques, qui plus est) ? » ajoute t-il.
Nicolas Hulot avait annoncé en mars son intention de réintroduire à l’automne deux ours femelles dans les Pyrénées-Atlantiques. Si ce projet est mené à bien, ce serait la première fois depuis 12 ans que des ours seraient réintroduits dans ce département.
Il ne reste dans les Pyrénées-Atlantiques que deux mâles, dont le fils de Cannelle, dernière représentante de l’ours de souche des Pyrénées, tuée par un chasseur en 2004.
Consultation publique jusqu’au 25 juillet
Le sujet est sensible. Nicolas Hulot doit se rendre dans ce département prochainement pour présenter son projet. Mais aucune date n’a été fixée officiellement assure Ouest France.
Le préfet du département Gilbert Payet vient lui d’envoyer un rapport au ministère. Le document préconise notamment « un renforcement des mesures de protection des troupeaux ». Reste qu’une consultation publique est ouverte jusqu’au 25 juillet prochain sur le sujet.
« Les premières réintroductions réalisées en 1996, 1997 puis celles de 2006 ont permis de vérifier que les conditions naturelles d’habitats favorables requises pour l’accueil de la population d’ours sur les Pyrénées centrales, étaient bien réunies, au-delà de l’existence de ces conditions sur le noyau occidental » mentionne toutefois un document de contexte publié par la préfecture dans le cadre de cette consultation.
Appel des associations
Nul doute que le résultat de cette consultation publique pèsera dans le dossier. C’est pourquoi les associations Pays de l’Ours – Adet & Ferus appellent « toutes les personnes favorables à la protection de l’ours dans les Pyrénées à y participer ».
« C’est la dernière ligne droite avant les lâchers, la mobilisation de tous est importante : Le succès de la précédente consultation publique sur l’ours, en Février-mars 2017, avait permis d’obtenir l’annonce des lâchers, le succès de cette consultation qui commence sera déterminant pour soutenir ces lâchers contestés par une opposition bruyante et agissante, mais minoritaire » précisent les deux associations.
A noter que la contestation sur la présence de l’ours n’est pas limitée au département des Pyrénées-Atlantiques.
Vague de mécontentement en Ariège également
Début juin trois militants de l’association pour la sauvegarde du patrimoine d’Ariège Pyrénées (ASPAP) étaient entendus par les gendarmes de Saint-Girons. Ils sont soupçonnés d’avoir tiré des coups de feu en l’air sur l’estive de « Saleix » , sur la commune d’Auzat, en haute Ariège, alors que des agents de l’office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) procédaient à une expertise de brebis victimes de prédations.
Par ailleurs, les enquêteurs s’intéressent à une vidéo anti-ours diffusée sur le web dans laquelle des hommes armés et cagoulés appelaient à « rouvrir la chasse à l’ours ».
Les trois hommes ont nié toute participation à ces deux événements, survenus fin et août et mi-septembre 2017. L’été 2017 avait été particulièrement meurtrier dans les estives du département de l’Ariège. 300 brebis victimes des ours avaient été recensées à cette période.