Alpes – Montagne – Qualité de l’air : où en est-on ?

Jadis on lui prêtait abusivement des qualités supérieures. Aujourd’hui on s’émeut de son caractère vicié en fond de vallée et on s’étonne que la pollution gagne les sommets. Si l’air des Alpes n’a jamais autant fait parler, c’est qu’il n’a jamais été aussi mesuré et contrôlé.

L’idée reçue est ancrée à l’imaginaire. Au siècle dernier elle voyait les sanatoriums coloniser les versants. C’est qu’on prêtait à l’air d’en haut des vertus physiologiques qu’il n’avait pas vraiment. Thomas Mann et sa « Montagne magique » entretenant ce mythe revigorant. À l’écart du monde urbain, nos massifs jouissaient d’un air plus pur. La campagne pouvait en dire autant. Des décennies d’industrialisation et d’échanges finissent par faire vaciller l’illusion.

Avec les Trente glorieuses, les usines tournent à plein régime dans nos vallées de houille blanche : Romanche, Maurienne, Tarentaise, Durance. Bientôt on mesure les conséquences du fluor dégagé sur les végétaux et la mortalité des troupeaux. La Maurienne est même surnommée vallée de la mort. La modernisation de l’usine d’aluminium de Saint-Jean, la fermeture d’autres (Venthon, dans l’Arly), vont évacuer ce polluant. Mais il en est d’autres, nocifs pour la santé humaine, que l’on ne soupçonne pas encore. Car la montagne est vulnérable. « Tout ce que l’homme produit en vallée encaissée se disperse mal en hiver, le froid cantonne les polluants », explique Hervé Villard, conseiller environnement du Grand Genève. Avec l’inversion des températures, à émissions égales, la limite est plus vite atteinte.

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