Le loup dans l’abîme entre philosophe et berger

Lorsque nous voyons que le signataire d’un article sur le loup et le sauvage est un « chercheur en philosophie» on sent déjà le bouillonnement d’une cervelle qui part en vapeur. Mais parfois nous pouvons être agréablement surpris comme avec Luc Ferry.

Ici, le titre de Baptiste Morizot (1) est déjà à lui seul tout un programme, ‘Le paradoxe de la modernité, c’est le retour du sauvage’, et laisse entrevoir un abime vaporeux entre la réalité du terrain et la profondeur de la pensée. Et ça commence mal.

Dès le début, cette phrase assassine, prouve que ce pauvre philosophe n’a pas passé beaucoup de journées avec un berger confronté ou non au loup lorsqu’il écrit que l’enjeu est de « trouver la juste place de l’homme dans la nature ». Il lui manque une clé : l’histoire. Faut-il rappeler à ce philosophe que les bergers / éleveurs quii pratiquent l’élevage extensif, notamment en montagne où se trouve le loup, sont, par définition, au contact quotidien avec la nature et les grands carnivores, jour et nuit. Et ceci existe depuis plusieurs millénaires. Sa place dans la nature, par rapport à la nature, il la connaît sans l’intellectualiser. Rien à voir avec les citadins qui, de toute manière, ne sont jamais confronté à ces difficultés. Rien à voir avec un éleveur hors sol qui garde ses bêtes enfermées et les nourri avec des aliments divers hors herbe fraîche. Rien à voir avec un trappeur, activité qui n’existe pas en France, dont la finalité est très différente de celle d’un berger. La ‘place de l’homme dans la nature’, les bergers connaissent. Et, au risque de déplaire à l’idéal philosophioque, manifestement ils cohabitent mal, trés mal, avec ce prédateur depuis des millénaires. Et c’est pour cette raison toute simple, trés pratiques, trés réaliste, qu’ils n’ont pas trouvé autre chose que le tuer pour protéger leur outil de travail, leur moyen de subsistance et leur raison de vivre. C’est ainsi depuis la nuit des temps. Il serait étonnant qu’un chercheur en philosophie trouve la solution pour imaginer le contraire. Mais bon…. Tous les concours Lépine se terminent par un gagnant.

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Monsieur le philosophe, si vous voulez connaître pour parler de ‘vivre avec les loups’, il ne faut pas se limiter à une recherche livresque, une balade bucolique dans les Cévennes suivie d’une réflexion intellectuelle. Allez vivre 3 mois avec un berger des Alpes-Maritimes, dans le Mercantour, et vous commencerez à avoir une petite idée du sujet. Dans l’immédiat, s’il vous plait, évitez de parler et penser à la place de ceux qui subissent au quotidien. De leur côté, sachez qu’ils sont bien loin de la philosophie. Mais je suis certain qu’ils sont capables de vous apprendre beaucoup de chose notamment la sagesse des mots à travers un regard de détresse et d’impuissance parce que, pour eux, le loup et le sauvage ne signifient pas chance et modernité pour l’humanité mais retour au Moyen Âge.

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