Le Toit du Cul de Chien

« Dès l’ordre de charge des CRS, le cordon de tête de la manifestation se disloqua. Mais pas tous dans le même sens. Aussi incongru que cela puisse paraître, bon nombre d’entre eux, au lieu de s’enfuir comme tout homme sensé aurait choisi de le faire, chargèrent à leur tour, faisant surgir des bottes, des vestes et des blousons tout un attirail hétéroclite visiblement prévu en cas d’échec des négociations : matraques de toutes tailles, manches de pioches,battes de base-ball. Le tout en hurlant comme des forcenés. Preuve que les techniques de la guerre psychologique de la Police Nationale avaient leurs limites, la charge de la première ligne de manifestants, du moins ceux qui avaient choisi de courir sus aux CRS, fit voler en éclat la belle arrogance batailleuse des policiers. La plupart de ceux-ci s’arrêtèrent, quelques-uns tournèrent même les talons en courant, l’ensemble subit comme un flottement.
Mais celui-ci ne dura pas longtemps. Les CRS, furieux d’avoir pu fuir ou envisager de le faire, se ressaisirent et foncèrent de plus belle, déterminés à foutre en l’air toute cette racaille aux cheveux longs comme des gonzesses.
Dès qu’on leur avait lâché les coudes, Raoul et Lisou s’étaient également mis à courir, mais dans le bon sens. En l’occurrence à l’inverse des forces de l’ordre. »

Quatrième livre de Jean-Marc Aubry « Le toit du cul de chien » garde les grandes qualités de ses textes précédents, vivacité, humour et affection pour ses personnages malgré la moquerie. Jean-Marc Aubry poursuit sa description des univers montagnards mais cette fois sous la forme d’un roman initiatique.
Raoul, lycéen, passionné d’escalade et d’alpinisme, poursuit des études qui l’ennuient pour rassurer ses parents mais n’a qu’un rêve devenir « guide de haute-montagne. »
Nous parcourons les grandes étapes de la vie d’un jeune homme dans les années soixante-dix, des barricades du boulevard Saint-Michel aux péripéties du service militaire.
Une jeunesse française rythmée par les examens scolaires, les premiers boulots, les voyages lointains ; une adolescence attachante ponctuée de sorties d’escalade, de courses en montagne, d’amitiés, d’amours et marquée par le souvenir d’un grand frère mort en montagne alors que notre héros n’était qu’un petit garçon.
Jean Marc Aubry signe avec le « Toit du cul du chien » (bloc emblématique de Fontainebleau s’il en est) probablement son meilleur livre, souvent très drôle comme les précédents, mais parfois bouleversant.
« Le toit du cul du chien » n’est pas une autobiographie, mais on ne peut s’empêcher de penser que notre jeune Raoul ressemble sans doute beaucoup à Jean-Marc Aubry.

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