Le Tsapi, bloc de béton suisse qui ne verra jamais le jour

Un vaisseau spatial ? Le Tsapi, un complexe imaginé au début des années 1970 sur les hauts de Bourg-Saint-Pierre, dans le val d’Entremont en Suisse, est un bon exemple de ce à quoi les Alpes ont échappé dans les années 70.

Un complexe qui devait accueillir 3.200 personnes et que ses promoteurs voulaient être « le plus grand centre alpin de loisirs du monde ». Un complexe qui pourtant ne verra jamais le jour souligne Le Temps dans un article plus que fouillé.

A l’origine de ce projet, un promoteur allemand du nom de Hammerschmid, qui voit les choses en grand. Il veut construire un complexe hôtelier niché à 1900 mètres d’altitude, directement relié aux remontées mécaniques.

Ouvert hiver comme été

Les promoteurs proposent à la vente des appartements tous « orientés vers le meilleur ensoleillement ». Seize variantes sont imaginées selon la taille du logement, entre 20 et 89 m². La promesse : « skier une semaine ou plus, sans avoir à descendre deux fois la même piste ».

Dans le détail, un bâtiment massif de 38 étages aux lignes éminemment futuristes telles que l’on pouvait les concevoir dans les années 70. Le bâtiment doit être installé sur un terrain de 150.000 m². Il doit réunir commerces, banques, poste, ou encore médecin et coiffeur.

Une halle de natation avec vagues artificielles et rayons UV est également au programme, tout comme patinoires, pistes de curling et terrains de tennis.

Car oui, le Tsapi est conçu pour être ouvert hiver comme été. Les promoteurs du projet sont convaincus que la pratique du ski durant l’été est également possible sur les pentes environnantes des Maisons Blanches ou celles des glaciers de Panossière et de Boveire.

Un symbole des stations de 3ème génération

Reste que le Tsapi ne dépassera jamais le stade de projet. Chiffré à plus de 100 millions de francs suisses, il n’a jamais reçu l’aval du Service cantonal suisse des constructions. Surtout, le conseil fédéral impose des restrictions à l’acquisition d’immeubles par des étrangers. De quoi laisser le Tsapi dans les cartons.

Pour le bien des Alpes suisses ? Le destin des stations intégrées, les fameuses stations de troisième génération dans les Alpes françaises pourrait le laisser croire.

Surtout que ces projets s’inspirent des stations françaises issues du plan neige. Un plan imaginé au milieu des années 1960 qui avait pour but d’encourager le tourisme hivernal de masse en passant par des promoteurs privés. En France, 23 stations seront ainsi créées, pour la plupart ex nihilo, comme La Plagne, Avoriaz ou Isola 2000.

Une période « où tout semblait être permis, même l’impensable »

Si le concept a ses adeptes, il a également ses détracteurs : les stations de troisième génération sont souvent associées aux grands immeubles bâtis au cœur des paysages naturels et aux appartements de petite surface standardisés. Grand ski et commodités, oui. Charme du chalet de montagne individuel ? Pas vraiment !

C’était une période « où tout semblait être permis, même l’impensable » mentionne t-on fort justement dans l’article du Temps.

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