Les Piolets d’Or pour la première fois hors de France (et c’est en Pologne)

Pour leur dixième édition les Piolets d’Or au pluriel ouvrent une nouvelle voie en s’exportant pour la première fois hors de France. « Le camp de base est établi en Pologne » annonce le GHM. Les Piolets d’Or 2018 se tiendront du 20 au 23 octobre prochain.

L’organisation de l’événement se fera « en partenariat étroit » avec les organisateurs du XXIIIème Festival de films de montagne de Ladek.

« Cette opportunité offrira au GHM un esprit montagne à la hauteur de sa charte, avec l’assurance d’une ambiance conviviale faite de partage et d’échanges » assure le Groupe de Haute Montagne.

La Pologne et le K2

La Pologne ? Il faut dire que la plus récente actualité de l’alpinisme se mesure surtout aux tentatives des Ice Warriors pour faire tomber l’ascension du K2 en hivernal. De quoi (re)mettre les noms de Krzysztov Wielicki, Denis Urubko, Adam Bielecki sur le devant de la scène. Le groupe devrait d’ailleurs effectuer une nouvelle tentative d’ici à quelques mois.

Mais la Pologne, en matière d’alpinisme, plonge ses racines bien plus loin que ces toutes récentes tentatives.

« La Pologne est un pays à la culture montagne très prégnante. A l’époque du régime communiste, toute une génération de grimpeurs polonais s’est affirmée et a profondément marqué l’histoire de l’alpinisme » assurent les organisateurs des Piolets d’Or. On compte parmi eux de grandes figures de l’himalayisme comme Jerzy Kukuczka (dit « Jurek »), Wojciech Kurtyka (dit aussi Voytek Kurtyka), ou encore Wanda Rutkiewicz.

Sur les plus de 8000m, les Polonais ont ouvert 23 nouvelles voies

Et dans le domaine très pointu de l’alpinisme d’exploration sur les sommets de plus de 8000m, les Polonais ont ouvert 23 nouvelles voies. En comparaison, les Japonais et les Autrichiens, très actifs dans ce domaine, ont ouvert respectivement 15 et 13 nouvelles voies à cette altitude.

Les alpinistes polonais ont également étaient pionniers dans les ascensions hivernales en Himalaya. Ils ont notamment réalisé les 8 premières hivernales sur des sommets de plus de 8000m. Dans son article « Le syndrome polonais » publié en 1993, Voytek Kurtyka rappelle qu’à cette époque, 9 des 14 ouvertures en style alpin sur ces 8 sommets furent l’œuvre de Polonais. Ces chiffres parlent d’eux-mêmes et démontrent l’influence des alpinistes polonais dans les années 80. Cela est d’autant plus impressionnant que depuis 25 ans, peu d’ascensions aussi engagées ont été réalisées en hivernale sur ces sommets.

L’événement Les Piolets d’Or au pluriel ont pris le relais du Piolet d’Or il y a maintenant dix ans. L’objectif : mieux promouvoir les multiples dimensions de l’alpinisme moderne et ses valeurs intangibles, en faisant primer les notions de style et de respect contre la réussite du sommet à tout prix.

Réfuter « toute attitude discriminante »

Le GHM a également introduit une dimension historique avec le lancement du Piolet d’Or Carrière, également appelé prix Walter Bonatti. Ce prix a célébré successivement les oeuvres de W. Bonatti, R. Messner, D. Scott, R. Paragot, K. Diemberger, J. Rosekelley, C. Bonington, V. Kurtyka et J. Lowe.

Le Piolet d’Or « original », créé en 1991 par le G.H.M. et la revue Montagnes-Magazine récompensait les auteurs de la performance alpine la plus marquante de l’année écoulée. Le prix « s’est retrouvé, après environ une quinzaine de sessions, victime tout à la fois de son succès et de ses vices cachés originels jusqu’à être annulé en 2008 » mentionne le GHM.

« A partir de 2009, le G.H.M. a insufflé une nouvelle dynamique en créant les Piolets d’Or au pluriel (…), réfutant toute attitude discriminante, voulue et portée par les plus grandes associations internationales d’alpinistes ».

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