En France, la filière bois-énergie est en pleine expansion. L’approvisionnement en bois des chaufferies collectives, industrielles et de la filière de trituration impacte la ressource forestière. Un conflit d’usage qui pourrait engendrer un véritable saccage environnemental et économique.
Plébiscitée en France, la filière ‘bois énergie’ doit permettre d’atteindre l’objectif que s’est fixé le gouvernement de porter à au moins 23% la consommation d’énergie produite à partir d’énergies renouvelables d’ici 2020. Ainsi, l’énergie produite à partir du bois est encensée, considérée comme une énergie carboneutre et permettant de créer de l’emploi local non délocalisable. Les pouvoirs publics ont subventionné de nombreux projets de chaufferies collectives et aussi incité la construction de grosses centrales biomasse de cogénération (production de chaleur et d’électricité à partir du bois) en permettant de vendre l’électricité produite à EDF à un tarif d’achat préférentiel (via les appels d’offres ‘CRE Biomasse’).
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L’autre frein majeur pour rendre le bois accessible : le morcellement des propriétés. Trois quarts des forêts françaises sont détenus par des propriétaires privés. Seuls ceux qui possèdent plus de 25 hectares ont l’obligation de gérer leur forêt et donc de rendre du bois disponible. Mais le plus grand nombre de propriétaires a de toutes petites parcelles et aucune obligation de gérer son patrimoine et surtout ce n’est pas rentable. La mobilisation d’engins coûte cher, il faut environ 10 hectares d’un seul tenant pour amortir les coûts d’exploitation. Problème, à chaque succession, le patrimoine est divisé par le nombre de successeurs, le morcellement s’accentue de génération en génération.