Plan loup : des éleveurs pas satisfaits

Alors qu’au Sénat on se bat contre les loups, en Haute-Savoie on s’organise en passant un permis de chasse accéléré pour répondre au prédateur, ailleurs, on est encore sous le coup de massue des prédations et on continue de s’interroger depuis 1995 sans vraiment réagir ou en le faisant mollement.

C’est à peu près ce qui s’est passé hier au Groupe National Loup (GNL) qui, en définitive n’aura pas adopté le plan comme il fallait s’y attendre, les conditions juridiques prévues au Code de l’Environnement n’étant pas remplies même si personne n’ose le dire.

Quel spectacle !

Un député, Président du GNL qui se comporte comme un directeur de cabinet de la ministre et non comme un élu du peuple. Un représentant de la FNSEA, le syndicat encore majoritaire, qui cale son propos sur celui des écologistes de France Nature Environnement (FNE). Et une Ministre qui assiste en spectateur et qui, au Sénat, s’amuse des tirades des sénateurs au motif qu’elle a l’appui des éleveurs. Mais quels éleveurs ? Manifestement pas ceux qui subissent le loup au quotidien. Sont-ils trahis par leurs représentants élus ? Pour l’affirmer, il n’y a qu’un pas facilement franchissable.

Un copier / coller

Le Plan Loup proposé n’est qu’un copier / coller du précédent dont il n’est tiré aucune conclusion comme nous le faisions remarquer lundi. Les prédations se multiplient, les mesures de protection sont inefficaces mais on continue à préconiser, depuis 20 ans, les mêmes remèdes ‘renforcés‘. Il n’est tiré aucune leçon de l’évident fiasco du précédent plan néanmoins dénoncé par des associations comme ‘Eleveurs et Montagne’ à travers ses propositions

Des mesurettes d’un intérêt secondaire

Pour noyer le poisson, il est proposé des mesurettes comme la simplification des procédures d’indemnisation. Est-ce que c’est demandé par les éleveurs victimes ? Est-ce leur principale préoccupation ? Cela ne transpire pas dans les Interviews que nous pouvons faire. En tout cas, simplifions… Bien obligé pour faire face à une réduction de personnel… mais pas spécifiquement dans l’intérêt de l’éleveur. Dans l’intérêt du fonctionnaire. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Comme toujours en matière de prédateurs, le mensonge fait partie de la panoplie du parfait fonctionnaire écolo : ‘Le seuil de prélèvement maximal de loups sera dorénavant calculé selon une méthode plaçant au cœur de la décision la notion de taux de croissance du prédateur. Ce taux doit garantir une augmentation du nombre de loups tout en permettant d’augmenter les prélèvements‘. Je mets au défi quiconque de produire un texte législatif ou réglementaire mentionnant cette exigence. Mais bon…. Ca justifie l’importance de l’emploi de celui qui l’affirme.

Comme le dit Yves Derbez dans le communiqué de ‘Eleveurs et Montagnes’ : ‘Ils nous parlent d’augmenter le seuil des tirs de prélèvement mais rien n’est chiffré‘. En fait, le discours d’hier est bien en de ça de ce qui avait pu être dit en réunion de travail. L’administration écologiste aurait-elle repris la main ? De leur côté, les associations écologistes semblaient assez satisfaite des « décisions prises » si tant est qu’il y en ait eu. Yves Derbez n’est pas dupe : ‘Nous n’avons pas pu avoir le texte complet du Plan Loup. On ne nous a communiqué que les têtes de chapitre. On nous balade de réunion en réunion longues et fastidieuses, de palabres en palabres. Pendant ce temps, les loups se multiplient et ce sont les éleveurs qui en font les frais.‘ C’est un peu gros ! Mais c’est bien la réalité.

Expérimentation et géométrie variable

Nous apprenons qu’il va être conduit une réflexion séparée pour les parcs et réserves. Il est vrai que les adhésions (ou non adhésions) aux chartes ont été un coup de semonce. Le début d’une révolte ? Une pression entretenue par les élus mais aussi la fédération ‘des racines et des Hommes’ présidée par le député béarnais Jean Lassalle. Et pour faire bonne figure, le quotidien Le Monde du 5 février annonce : ‘La France va expérimenter, dans onze parcs naturels régionaux, des mesures de capture de loups, inspirées des techniques mises en œuvre au parc de Yellowstone, aux Etats-Unis.‘ Après les téléphones portables pour brebis de Landry en Suisse, nous voici au dressage des loups comme pour les cirques. On voudrait amuser la galerie qu’on ne s’y prendrait pas mieux. Vont-ils aussi dresser les ours dans les Pyrénées pour ne pas attaquer les brebis ? Après tout, ce serait un juste retour aux traditions de la vallée du Garbet en Couseransoù existaient, encore au 19ème siècle, des dizaines d’écoles de dressage.

Toujours est-il qu’une prochaine réunion du GNL est prévue fin mars. A quelques semaines du début des transhumances dans le sud. Et pendant qu’on amuse tout le monde, on ne s’occupe pas des problèmes de fond que sont les prédations intenables et la souffrance des éleveurs et bergers dont manifestement tout le monde se moque. Pas étonnant que certains ‘pètent les plombs‘ comme cet éleveur du Mercantour face aux agents du parc, mais aussi bien d’autres qui n’ont pas encore fait la une de la presse.

Louis Dollo, le 6 février 2013

Photo : Loups gris (L. Dollo)

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