C’est parfois une conséquence de l’ascension de l’Everest. Le présentateur de télévision et explorateur Ben Fogle a parlé récemment du « nuage sombre » qui planait au-dessus de sa tête après l’ascension du mont Everest réalisée le 16 mai 2018. Le même « nuage sombre » que le rescapé de l’Everest Beck Weathers évoquait dans Into thin air et le film Everest ?
Non, pour Beck Weathers, le nuage sombre venait du fait de ne pas être en montagne, de rester dans la monotonie du quotidien. Pour Ben Fogle, la déprime est venue des circonstances de son aventure et du sentiment d’avoir accompli enfin le rêve de sa vie.
Ben Fogle, la championne olympique Victoria Pendleton et l’alpiniste Kenton Cool ont affronté l’Everest plus tôt cette année afin de souligner les défis environnementaux auxquels les montagnes sont confrontées. Victoria Pendleton a dû arrêter de l’ascension de la montagne de 8.848 mètres à la frontière Népal/Tibet après avoir souffert d’un manque d’oxygène.
Après son retour à la maison, il a perdu toute motivation et s’est senti extrêmement coupable
Une péripétie qui a semble t-il joué sur le moral de tout le groupe indépendamment de la réussite de chacun.
Ben Fogle, 44 ans, a déclaré au Daily Mail qu’après son retour à la maison, il avait perdu toute motivation et s’était senti extrêmement coupable que Victoria Pendleton ait développé une dépression après s’être précipitamment arrêtée. « Victoria a lutté contre le mal de l’altitude et a failli mourir lorsque nous sommes rentrés au camp 2 et avons pris la décision d’abandonner sa tentative au sommet et de revenir plus tôt » explique Ben Fogle. « Elle est revenue et s’est débattue avec la dépression. C’était probablement une collision de beaucoup de choses différentes… l’hypoxie, la mauvaise santé, la déception. Beaucoup de choses se sont alors réunies ».
« Voici une personne que j’admire plus que quiconque. Elle est héroïque, forte, physiquement et mentalement, et Kenton et moi avons passé deux ans à nous entraîner avec elle et c’est une athlète incroyable. Pourtant, elle a succombé à cette dépression ».
« Il y avait cette obscurité qui m’empêchait de me concentrer »
« Revenir à la maison et réaliser cela m’a profondément affecté. Je me sentais coupable d’avoir peut-être contribué à la pousser dans cette situation au départ ».
« Rétrospectivement, je ne pense pas que je me décrirais comme souffrant de dépression parce que je pense que ce serait vraiment injuste pour ceux qui souffrent vraiment de dépression, j’avais certainement ce que j’appellerais un petit nuage sombre au-dessus de moi ».
« Je ne suis pas du genre nuage sombre, je suis optimiste. Mais il y avait cette obscurité qui m’empêchait de me concentrer. J’étais trop émotif et je n’avais pas d’énergie. Je ne voulais pas aller à la gym ou courir. J’essayais d’analyser les choses ».
La fin du rêve de gosse
Ben Fogle a expliqué qu’il a eu de la chance de terminer l’ascension parce qu’à deux reprises, alors qu’il était dans la zone de la mort, son régulateur d’oxygène a explosé et il a dû emprunter ceux d’autres.
Une chance qu’il a du également mesurer de retour au bercail, ce qui n’a pas du arranger les choses. Autre symptôme éventuel de sa dépression, le sentiment d’avoir accompli un rêve de gosse, et de ne plus savoir comment avancer désormais.
Il dit que c’était un rêve d’enfant d’escalader l’Everest après avoir été « fasciné » par le « romantisme » de la montagne. « Dès l’âge d’environ huit ans, j’ai eu l’idée que l’ultime effort humain était d’escalader l’Everest » dit-il. « C’était mon point de repère de courage et de détermination. C’était toujours un rêve chimérique et je n’ai jamais cru que j’aurais la chance de le faire et si je le faisais, j’étais presque certain que j’échouerais. »
Un documentaire à voir
Ben Fogle a déjà ramé dans l’Atlantique, traversé l’Antarctique à pied, et couru le Sahara. Mais l’Everest était pour lui l’ultime accomplissement.
« Kenton et moi avons appris à nous connaître et, entre-temps, je suis devenu père et je me suis réveillé un jour et je me suis dit : « Je dis à mes enfants de poursuivre leurs rêves et de ne pas être retenu par les attentes de la société ou par leur propre manque de confiance » et dans mon esprit, il y avait ce désir ardent d’essayer l’Everest » dit-il.
Kenton Cool, 44 ans, est monté 12 fois sur l’Everest. En 2013, il est le premier à faire le Nuptse, l’Everest et le Lhotse d’une traite sans retourner au camp de base. Une course nommée “Everest Triple Crown”. Il réalise cet exploit en sept jours. Cette course fut longtemps considérée impossible à réaliser en raison de la quantité de temps passé à haute altitude, dans la zone de la mort.
L’aventure de Ben Fogle, Victoria Pendleton et Kenton Cool a donné lieu à un reportage, The Challenge : Everest, diffusé il y a quelques mois à la télévision française.
L’ascension filmée dans le documentaire a été réalisée avec l’aide de deux guides sherpa locaux.