A propos de l’assurage en escalade

1) Quel grimpeur n’a jamais été inquiet quant aux problèmes de lâcher de corde ?

Un moment d’inattention, un manque de vigilance, un ‘malentendu’ et ça peut être la chute au sol !

Norbert Apicella, cadre technique fédéral et inventeur du système d’assurage 9 revient sur la question pour nous…

Côté assureur, rappelons qu’il existe deux types de systèmes d’assurage en escalade :

– Les systèmes d’assurage manuel :

Il s’agit, des tubes, plaquettes ou autre huit, en cas de lâcher de corde, le grimpeur tombe purement et simplement par terre, même s’il peut être un peu freiné.

– Les systèmes d’assurage à blocage assisté :

La plupart des grimpeurs y verront d’abord le Gri-gri en pensant que le système est autobloquant et que donc si on lâche la corde, « ça » va bloquer.

Ce n’est pas faux, mais en fin de compte, ce n’est pas si simple. Aucun fabricant ou distributeur ne va parler aujourd’hui de système autobloquant : on va toujours dire et conseiller de tenir le brin libre ! Et parler de blocage assisté.

Pour reparler du Grigri ou tout autre système à poignée et à cames, bon nombres d’utilisateurs ont pu se faire peur avec un système qui peut ne pas bloquer ou encore qui débloque sans sécurité (chute au sol par activation de la « poignée » sans tenir le brin libre).

En même temps, il existe plusieurs modèles d’assureurs, plus ou moins connus, plus ou moins accessibles. Avec différents avantages / inconvénients. Comment s’y retrouver dans cette petite jungle, comment essayer de se faire une idée en dehors des « habitudes » et des préjugés ?

A travers un tableau récapitulatif, avec un certains nombres de critères nous avons essayé de proposer une photographie froide et objective afin de distinguer les avantages / inconvénients des divers appareils disponibles sur le marché.

Nous vous laissons découvrir.

2) Freins : Pour ou contre l’utilisation des systèmes d’assurage auto-freinant ou 2 manières de vivre l’assurage, notamment en milieu scolaire. (par Eric Valls)

Débat.

A une époque où l’escalade scolaire se développe à grand pas, la question de la gestion du couple risque/sécurité est ravivée.

Ce développement amène son lot de petites ou grandes frayeurs et d’accidents et pose les questions du taux d’encadrement, de la sérénité du cours, de la formation et des erreurs humaines (inattention), mais aussi des plaisirs et des joies.

Ces considérations influent en partie sur le choix d’utilisation des systèmes d’assurage pendant les cours d’EPS et d’AS. Certains diront que ce sont des outils qui servent à poursuivre l’objectif éducatif de responsabilisation des apprenants, d’autres diront sans s’opposer à cet objectif que ces outils doivent, en toutes circonstances, pouvoir enrailler une chute, même en cas de perte d’attention et de contrôle de l’assureur.

Ainsi 2 écoles se profilent : les tenants de l’utilisation des systèmes d’assurage-frein (Puits, Descendeurs en 8, Verso et Reverso…) qui mettent en œuvre des procédures de mise en sécurité de la cordée, basées sur la construction du rôle de contre-assureur et la confection, par ses soins, ou celle du professeur, de nœuds dit ‘’fusibles » (Queue de vache par exemple) afin d’éviter les retours au sol intempestifs ; et les tenants de l’utilisation des systèmes d’assurage auto-freinant à déblocage de la corde, contrôlée par la main sur celle-ci (le Neuf, le Smart, le Click up et le Megajul). Ceux-là prônent la possibilité d’avoir un ‘’joker » en cas de faute d’inattention de l’assureur.

De cette discussion, nous excluons volontairement les systèmes d’assurage à cames mécaniques comme le Gri-gri 1 et 2, le Eddy et le Cinch, le Sum et le Zap o mat) qui, pour des débutants, est potentiellement générateur de retours trop rapide au sol, car le débrayage peut s’effectuer sans main sur le brin de vie.

D’un côté, se positionnent donc, les enseignants qui prônent la responsabilisation totale des élèves dans l’assurage de la progression du grimpeur/élève. Cette position demande une organisation stricte des différents rôles (assureur, contre-assureur) avec la mise à distance physiquement des 2 élèves afin d’éviter qu’ils ne se gênent ou ne se perturbent. Exemple : L’assureur est à un mètre du mur positionné hors de l’axe de chute du grimpeur pendant que le contre-assureur est placé hors de la surface de réception assis au sol ou assis sur une chaise.

L’avantage sera une éducation complète à la sécurité en escalade. L’inconvénient sera la réduction du temps de pratique motrice et la lourdeur de la tâche de contrôle des élèves pour s’assurer qu’ils tiennent leur rôle de façon effective et sérieuse.

D’un autre côté, il y a les enseignants qui optent pour déléguer une partie de la responsabilité de l’assurage (le blocage du grimpeur en cas de chute) au matériel utilisé. Les élèves sont toujours en activité d’assurer la gestion de la tension de la corde à la montée et la vitesse à la descente. Suivant cette option, la faute d’inattention est permise en cas de chute.

En effet, avec une classe chargée, le système auto-freinant fonctionne comme un ‘’Joker » pour le prof.

L’avantage de cette option sera de pouvoir très rapidement faire disparaitre le rôle de contre-assureur qui parfois est générateur de perte d’attention de l’assureur allant jusqu’à provoquer des accidents. Aussi ce rôle en moins fait augmenter le temps moteur de 33% pour peu que la classe soit organisée en 2 ateliers de travail, un sur corde, l’autre en bloc en pied de mur pour ne pas avoir trop de cordées à gérer simultanément.

L’inconvénient si le discours de l’enseignant n’est pas appuyé (ne jamais lâcher le brin de vie lorsqu’on assure), les élèves seront vite tentés de lâcher partiellement ou totalement le brin de corde sous le système d’assurage (Brin de vie) : phénomène de déresponsabilisation. Pour autant, peut-on penser que notre vigilance est toujours infaillible surtout en classe entière (30 en collèges, 35 en Lycée)? Les nœuds fusibles peuvent ne pas être faits, échappant à la surveillance du professeur.

Faites votre choix…éclairé !

Eric Valls

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