Accidents en montagne : incompétence ou imprudence ?

Les médias adorent les accidents de montagne. Cela donne de belles images vues d’hélicoptères et des récits spectaculaires. Il s’agit du fait divers typique qui permet à la France des ‘gens honnêtes’ de fustiger au choix : l’inconscience du touriste inexpérimenté ou l’imprudence de l’expert trop sûr de lui.

Mais, au-delà du spectacle provoqué par un drame télégénique et donc mis en lumière, que peut-on retirer de l’analyse des accidents en montagne toute pratique confondue ? Tout d’abord que les accidents sont faibles au regard du nombre de pratiquants. En effet, on compte début août, 36 décès cet Été dans la pratique d’une activité de montagne. Et encore, ce chiffre est considéré comme élevé. Rappelons que si tous les randonneurs ne marchent pas en montagne, la randonnée pédestre est l’activité physique la plus pratiquée en France.

« pratiquer un sport de montagne comporte un risque non nul »

Pour autant, y aurait-il un moyen de faire baisser les statistiques d’accidents ? Y a-t-il un cas d’accident bête typique évitable ? En interrogeant les professionnels du secours en montagne, il semblerait que non. Cela peut surprendre au XXIème siècle mais il existe des activités à risque. Pratiquer un sport de montagne en est une. Alors, il y aura certes toujours des inconscients, des chutes de pierre, des glissades au mauvais endroit, etc … Mais, édicter des bonnes pratiques en montagne revient à dire à un enfant qui joue « sois prudent ». Cela ne sert à rien. La plupart des interventions des secours en montagne concernent des accidents difficilement évitables (entorse de la cheville par exemple). Néanmoins, en hiver, il existe une mesure de bon sens qui, si elle était appliquée systématiquement, réduirait considérablement le nombre de victimes : respecter les distances de sécurité sur terrain enneigé. En cas d’avalanche, il vaut mieux une personne emportée que 10.

On peut néanmoins, parmi les pratiquants de la montagne, distinguer 2 profils caractéristiques :

  • L’inexpérimenté total qui se mettra en danger sans en avoir conscience (qui part pour une longue marche sans avoir jeté un œil à la météo par exemple).
  • L’expert qui accepte de prendre un risque calculé au regard des conditions et de son niveau (descente à ski intégrale du K2 par exemple).

« l’absence de leader identifié dans un groupe est un cas typique de situation à risque »

Pour autant, les CRS de montagne relèvent que l’absence de leader identifié dans un groupe est un cas typique de situation à risque. Dans un groupe homogène en niveau évoluant sous la menace d’un danger imminent, chacun fera confiance à son voisin pour exprimer une analyse et prendre la décision de faire demi-tour. Or, un chef de groupe identifié au départ de la course permet d’éviter cette situation. Cela ne signifie pas que le chef est un dictateur imposant sa vue de la situation mais qu’il s’engage à faire un point régulier avec toute l’équipe.

Enfin, rappelons qu’en montagne, comme tous les domaines, la gestion du risque ne consiste pas à renoncer à un bel objectif mais à tout mettre en œuvre pour le réduire. Mettez donc toutes les chances de votre côté pour devenir un vieux montagnard : condition physique (celle du moment pas celle d’il y a 20 ans), matériel, évaluation des conditions, évaluation des compagnons, etc. Signe des temps, la montagne est devenue, pour beaucoup, un terrain de sport et moins un lieu de contemplation. L’expression des égos démesurés reste fortement accidentogène dans ces conditions.

Pour aller plus loin :

En montagne, mieux prévenir les accidents en analysant les “presque accidents”

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