Kilian Jornet et l’avalanche sur l’Everest, le récit à couper le souffle

Un long entretien publié sur le site de l’Equipe les 6 et 14 novembre dernier de l’athlète Kilian Jornet (c’est ici et ) éclaire sur sa perception de la montagne et de l’alpinisme. Mais aussi sur son état d’esprit à un moment où sa carrière de sportif de haut niveau ne lui permet plus d’espérer grand chose de mieux.

Conséquence, difficile de se remettre en cause a chaque fois pour retrouver la motivation de la course.

Première information, et elle est de taille, si l’athlète a peut-être réalisé sa saison sportive la plus dense et la plus chaotique cette année (blessures à répétition), il n’a plus la même motivation qu’avant.

« Le boulot est fait »

« Il y a 5 ou 10 ans, gagner toutes ces courses mythiques, c’était un rêve. Lorsque je gagnais, l’émotion était très forte. Aujourd’hui, je ressens beaucoup moins de choses quand je passe une ligne d’arrivée. Je me dis, j’ai gagné, le boulot est fait » admet le sportif. Pas question pour l’heure de renoncer à la compétition. Il juge que la compétition lui permet de garder un très bon niveau physique et technique et de tester ses méthodes d’entraînement.

Conséquence, les nouveaux défis qu’il se lance lui permettent de retrouver une forme d’enthousiasme qu’il ne tutoie plus forcément en compétition. Sur l’Everest par exemple.

« Le moment clé s’est déroulé trois jours avant le premier sommet. J’ai fait une ascension rapide entre le camp de base avancé (6 400m d’altitude) et 8 400m d’altitude en moins de six heures ». De quoi marquer le sportif et lui donner satisfaction dans sa quête de performance. Et ce type de plaisir se vit pour Jornet de plus en plus loin des caméras. Au début de l’été il a réalisé une traversée de 170 km intégralement en alpinisme en Norvège. 40 heures à évoluer sur des arêtes en solo.

Quand Kilian Jornet échappe a une avalanche sur l’Everest

« Je fais demi-tour plus de 50% du temps lorsque je suis en montagne » dit-il aussi. Son expérience en montagne, qu’il qualifie de longue, lui fait dire qu’il fest primordial d’avoir toujours une marge physique et technique « sur ce que l’on est en train de faire ». Et sinon, il faut parvenir à en prendre conscience et redescendre.

Reste que la perte de contrôle, il l’a déjà connu. Sur l’Everest en 2016 par exemple. Une tentative avortée avant le double succès de 2017. Une tempête éclate à 7.800m d’altitude, provoquant un risque d’avalanche très important. Et ce alors que les signes de la tempête approchante était assez clair.

« Puisque j’étais le seul des trois alpinistes à ne pas avoir d’enfant, je suis passé en premier. A chaque enjambée, je plantais les piolets le plus profondément possible pour m’y agripper si l’avalanche se déclenchait. Et au milieu de la traversée, la plaque est partie. Je me suis jeté sur mes piolets et j’ai réussi à m’y cramponner, les pieds dans le vide. La neige coulait sur mon corps et sa masse menaçait de m’emmener vers la mort. J’ai hurlé. J’ai réussi à rester suspendu à mon ancrage. J’ai pu reprendre pied sur la neige et poursuivre la marche ».

L’équipe rejoint finalement le camp de base sain et sauf. « Nous avions complètement perdu le contrôle et ce risque que nous venions de prendre, je ne l’accepte pas. Je m’en suis voulu » dit-il néanmoins.

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