Les nouveaux records réalisés cette année lors de la Patrouille des Glaciers risquent bien de le laisser de marbre. «La Patrouille des Glaciers est un avilissement du sublime de la haute montagne.» Werner Munter, le célèbre guide et spécialiste mondial des avalanches, affiche son hostilité à l’événement militaire. « La PdG est un sous-alpinisme sans âme: du sport! » lance t-il.
« 80% des participants ne sont pas de véritables alpinistes. Seuls, ils s’ennuieraient à mourir en montagne. Ce qui intéresse nombre d’entre eux, c’est de clamer sur Facebook: «I did it!» « .
« Un autre problème est que la Patrouille donne une image inoffensive de la montagne. Résultat: certains inconscients vont s’entraîner avec l’équipement de course. Soit une combi synthétique aérodynamique et un sac dans lequel on peut à peine glisser un mouchoir! Deux personnes ont ainsi perdu la vie, dans le froid, en 2014 au Pigne. Et récemment, un milliardaire allemand disparaissait à Zermatt alors qu’il s’entraînait sur un glacier. Seul! »
Quand Werner Munter fulmine
La Patrouille des Glaciers est course internationale de ski alpinisme est organisée tous les deux ans par l’armée suisse. Elle se déroule sur les crêtes alpines au sud du canton du Valais. La course est ouverte à des équipes de trois militaires ou civils. Ce sont les patrouilles.
Cette année, 1600 patrouilles sont inscrites avec environ 4800 participants, dont 334 patrouilles de pays étrangers. Dans le détail, on trouve 500 patrouilles militaires suisses, 45 patrouilles militaires internationales, 171 patrouilles civiles avec guides de montagne et 910 patrouilles civiles. Werner Munter souhaite pour sa part le retour à 100 participants.
Si la PDG est toujours organisée par l’armée suisse, c’est parce qu’elle a des origines militaires. En 1943 et 1944, dans une Europe en guerre, l’armée helvétique organise une course pour ses soldats afin de tester leurs capacités. Aujourd’hui encore, 1500 militaires sont engagés dans la préparation de la course. Là aussi, cela fait véritablement fulminer Werner Munter, qui parle d’occupation de la vallée dans laquelle il réside !
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