Pour qu’on ne dise plus : « je vais faire un Chamechaude vite-fait »

Tous ceux qui habitent à plus de 40 kilomètres de Grenoble n’ont sans doute pas été plus affectés par l’avalanche survenue sur la montagne de Chamechaude ce dimanche que par n’importe quelle autre avalanche survenue cette année. Après tout, cet hiver piégeux est particulièrement meurtrier.

C’est triste mais cela arrive, en particulier cette saison. Mais, à Grenoble, il n’est pas exagéré de dire que la nouvelle a fait l’effet d’un électrochoc. Chamechaude est LA Montagne des grenoblois. Celle où on fait ses premières armes en ski de randonnée, ses ballades en famille l’été parfois même ses premières grandes voies d’escalade.

Chamechaude, ce n’est pas un sommet comme les autres, c’est un nom commun dans l’agglomération. On dit « un chamechaude ». C’est même une unité de mesure. On compte en nombre de chamechaudes le dénivelé restant d’une rando (1 Chamechaude = 800m).

Chamechaude pour les grenoblois, c’est notre copine, notre sparing partner

Chamechaude, pour nous les grenoblois, c’est notre copine, notre sparing partner. Tous les jours de la semaine, à partir du premier flocon tombé, les voitures s’agglutinent au parking du téléski pour aller faire la classique, qui ne craint pas, de la région (Essayez de faire la trace à Chamechaude, c’est impossible).

Parce que oui, dans notre esprit, Chamechaude ne peut pas nous vouloir du mal, on peut compter sur elle. Que le grenoblois qui n’est jamais allé à Chamechaude sans l’équipement de sécurité et sans avoir regardé le bulletin des risques d’avalanche me jette la première pierre.

Aujourd’hui, nous les grenoblois, nous regardons le bout de nos chaussures, les épaules basses. Il a fallu ce drame pour que nous réalisions qu’il n’existe pas de montagne aseptisée. Dimanche, nous avons tous découvert, avec horreur, qu’une avalanche meurtrière était possible sur cette montagne.

Essayer de comprendre les circonstances de l’accident

Le site de référence en ski de randonnée n’a pas tardé à diffuser l’information et ses contributeurs ont réagi dans la foulée. Au passage, on peut louer que les différents témoignages respirent l’humilité et le recueillement, preuve que les internautes murissent.

Et maintenant ? Ne blâmons pas le comportement des victimes mais n’invoquons pas non plus la seule malchance. La meilleure thérapie pour surmonter un tel choc n’est-elle pas d’essayer de comprendre les circonstances de l’accident (visibilité, pente, orientation, quantité de neige fraîche, … ) ?

Pour que ce jeune allemand ne soit pas mort pour rien, tirons les leçons de cet évènement et devenons des personnes responsables, n’allons plus faire notre Chamechaude vite-fait mais avec un comportement de montagnard.

Par Bertrand Salingue, pour kairn.com

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