Les pentes supérieures de l’Everest sont un endroit détestable pour la vie végétale : des niveaux élevés de rayonnement ultraviolet brûlent la montagne, les températures descendent régulièrement sous 0°, et le terrain glacé et rocheux peut difficilement être qualifié de sol arable.
Il n’en demeure pas moins que des scientifiques ont identifié trois nouvelles espèces de plantes capables de survivre dans ce genre d’endroit. Des spécimens recueillis il y a des décennies mais jamais étudiés jusqu’à présent, et qui révèlent des adaptations uniques à la vie sur le toit du monde.
Le 25 mai 1952, une expédition suisse a prélevé trois échantillons de plantes sur l’Everest à environ 6.400 mètres, soit bien au dessus du camp de base. Les spécimens séchés ont été placés dans un herbier à Genève et sont restés oubliés jusqu’en 2017, date à laquelle Cédric Dentant, botaniste au Parc national des Écrins à Gap, en France, les a redécouverts.
Des attributs pour la vie rude
Cedric Dentant a soigneusement analysé les plantes – chacune ne mesurant pas plus de quelques centimètres de long – et a trouvé plusieurs attributs qui ont très probablement contribué à leur survie dans un environnement aussi rude, a-t-il mentionné en octobre à Alpine Botany.
L’une des plantes avait des tiges qui s’enfouissaient dans le sol, l’ancrant dans le terrain instable ; une autre avait une forme de coussin qui limitait les pertes de chaleur et d’eau. Ces deux plantes, selon les notes de l’équipe d’alpinisme de 1952, poussaient dans les crevasses de la roche, qui sont réchauffées par la lumière solaire et sont souvent plus chaudes que l’environnement alpin tout proche. « Nous sommes confrontés à la limite de la vie » avec ces plantes explique Cedric Dentant, faisant référence aux conditions extrêmes dans lesquelles ces plantes ont poussé.
Selon Sonja Wipf, écologiste spécialiste des plantes alpines au WSL Institute for Snow and Avalanche Research SLF de Davos (Suisse), les scientifiques ont failli ne pas étudier ces plantes de haute altitude. « Non pas parce qu’ils poussaient sur des corniches rocheuses inaccessibles, explique Wipf, qui n’a pas participé aux nouvelles recherches, mais parce qu’elles étaient « enterrés » dans un herbier.