Sauvetage spéléologique en Thaïlande : ce que l’on sait des conditions et techniques de l’évacuation – MAJ

Mise à jour 12/07/2018 : A rajouter aux conditions d’évacuation, le fait que certains enfants aient été sortis de la grotte après avoir été traité avec un sédatif. Les images qui montrent la sortie des enfants de la grotte permettent de se rendre compte que ceux-ci sont « endormis ». Ce que confirme un secouriste qui a participé à l’opération.

Le commandant Chaiyananta Peeranarong, dernier plongeur à sortir de la grotte, a précisé que les enfants avaient été attachés sur un brancard avant l’évacuation. Et des médecins positionnés le long du parcours de la grotte vérifiaient leur état et leur pouls.

Il semble que l’extrême faiblesse des enfants n’ait pas pu permettre de leur apprendre à nager et a se déplacer sous l’eau. L’hypothèse la plus probable à cette heure est que les enfants ont été transportés sur des brancards, et aient été équipés de masques à oxygènes pour respirer pendant les phases de plongées.

Après plus de deux semaines passées sous terre, les 12 enfants et leur entraîneur de football qui étaient bloqués au fond d’une grotte inondée ont été tous extraits mardi 10 juillet. Une importante équipe de secours internationale, sous le commandement des autorités locales, à été constituée en temps record pour ce faire.

Des plongeurs étrangers aguerris assistés par des commandos de la marine thaïlandaise étaient présent. Cinquante plongeurs étrangers et quarante plongeurs thaïlandais étaient au total engagés dans l’opération.

L’opération a été réalisée en grande partie par les autorités thaïlandaises. Avec l’appui de spécialistes internationaux.

Trois spéléologues britanniques du British Cave Rescue Council ont par exemple été engagés dans l’opération. Ils « ont une longue expérience d’exploration et d’arpentage de grottes à l’étranger » affirme leur porte parole. C’est le cas de la Thaïlande où, pendant de nombreuses années, les spéléologues britanniques ont aidé à répertorier, inventorier et décrire un nombre considérable de grottes.

Un expert en plongée souterraine en coordinateur

Le docteur Richard Harris, expert en plongée souterraine, coordinateur de l’opération.

Le docteur Richard Harris, anesthésiste australien, expert en plongée souterraine avec plus de 30 ans d’expérience a assuré la coordination de l’opération.

Les profils les plus pointus ont donc été recrutés dans le monde entier pour cette opération à risques. « Il faut une très grande technicité, car il faut être à la fois spéléo et plongeur et guider les enfants dont certains ne savent pas nager, plonger, en eau boueuse », indiquait récemment à LCI le commandant de pompiers Jérôme François. « L’option, qui reste dangereuse, est de ressortir par la voie existante, sauf que tout a changé puisque avec les pluie de mousson, des galeries sont totalement inondées ».

« Le risque est l’alternance de spéléologie où les enfants vont devoir évoluer dans des cavités très étroites, et des phases de plongée où les enfants vont devoir plonger à plus de 5 m dans la boue ».

« Il y a zéro visibilité, l’espace est confiné »

Autre facteur de difficulté, l’eau dans laquelle les secouristes ont du évoluer était trouble comme du café au lait. « Il y a zéro visibilité, l’espace est confiné », témoignait Matt Fitzerald, plongeur de la Police fédérale australienne interrogé par l’AFP la semaine dernière. Avec cette eau trouble, impossible de consulter sa montre et autres équipements permettant de surveiller son temps de plongée.

Même les plongeurs d’élite SEAL de la marine thaïlandaise ont éprouvé des difficultés à se déplacer dans les eaux boueuses, les courants et les passages étroits de la grotte inondée.

Dans le cadre des opérations de secours, au delà de la forme physique, la préparation psychologique est cruciale. Ne pas paniquer au mauvais moment, notamment, nécessite une préparation particulière. Préparation qu’il a fallu réaliser en situation de stress.

Les pompes qui vidaient la grotte sont tombées en panne juste après l’évacuation

Le déroulement de cette opération à risque c’est semble t-il très bien déroulé. Les enfants et l’adulte qui les accompagnait sont encore aujourd’hui à l’hôpital. Mais leur état de santé semble plutôt bon. Certains ont cependant des début d’infection (pneumonie) qu’il faut soigner rapidement. Les membres de l’équipe des « Sangliers sauvages » (le nom de l’équipe de football) portent à présent des lunette de soleil pour s’accoutumer à nouveau à la lumière du jour. Ils sont encore très faibles.

A noter que les pompes à eau qui vidaient la grotte sont tombées en panne juste après l’évacuation du dernier garçon. Des plongeurs spéléologues et des secouristes étaient encore à l’intérieur de la grotte, à plus d’un kilomètre de la sortie. Ils ont constaté une hausse rapide du niveau de l’eau et se sont précipités alors vers la sortie.

L’opération d’extraction aura duré plus de 6 jours. Chaque enfant a été évacué par deux plongeurs professionnels qui se sont guidés à l’aide d’une corde. Dans les passages étroits, les plongeurs ont du détacher leurs bonbonnes d’oxygène et les faire rouler sur le sol. Le circuit d’extraction a semble t-il été très difficile à parcourir. De longs passages de plongée ont du être effectués, sur un parcours de plus d’un kilomètre.

Un décès lors de l’opération

Le succès de l’opération ne doit pas faire oublier le décès il y a quelques jours, d’un des sauveteurs – le sergent Saman Kunan – qui a perdu la vie en allant livrer de l’oxygène aux enfants. Un incident dramatique qui illustre à lui seul la dangerosité de l’opération. L’homme avait pris sa retraite de la marine thaïlandaise, mais s’est porté volontaire pour aider à l’opération.

Les secouristes s’étaient engagés mardi dernier dans une course contre la montre pour extraire les derniers enfants encore coincés dans la grotte de Tham Luang, dans le nord de la Thaïlande.

C’est une logique de médecine de catastrophe qui a été suivie dans le processus d’évacuation. Somboon Sompiangjai, le père de l’un des garçons, avait déclaré à l’agence Reuters que les parents avaient été informés par les sauveteurs dimanche dernier que les « enfants les plus forts » seraient les premiers à être évacués.

15% d’oxygène dans la grotte

Autre indication, la mise en place d’une gestion logistique de l’oxygène particulièrement impressionnante pour couvrir les parties immergées de la grotte. « Pendant que les plongeurs se reposent, les équipes de sauvetage et les militaires transportent des réservoirs d’oxygène toute la nuit pour faire le plein pour la deuxième partie de l’opération » témoignait également dimanche dernier une journaliste sur place.

Une nécessite absolue car selon les autorités, la cavité où les enfants s’étaient réfugiés, ne contenait plus que 15% d’oxygène vendredi dernier. Par ailleurs, des réservoirs d’oxygène ont été positionnés tout au long du parcours pour permettre des relais lors de l’extraction.

Selon Anmar Mirza, rédacteur du Manual of US Cave Rescue Technique, une des décisions qui a du être prise à été de savoir s’il fallait évacuer les garçons ou leur fournir des vivres en attendant que la situation s’améliore. Il semble cependant que la décision de l’évacuation a été rapidement prise en raison des fortes pluies qui risquaient de faire monter le niveau des eaux.

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