Les ours slovènes seront-ils accueillis par des coups de fusils dans les Pyrénées ?

Le nouveau ministre de la Transition écologique, François De Rugy confirme l’introduction de 2 ourses dans les Pyrénées. Une décision plébiscitée par les français, mais pas par tous les pyrénéens.

Il était en déplacement hier jeudi à Pau (Pyrénées-Atlantiques) pour effectuer cette annonce, très attendue par les pro tout comme les anti-ours, qui se recrutent essentiellement dans la population des éleveurs.

Cette réintroduction de deux ourses dans la partie béarnaise des Pyrénées avait été annoncée par le successeur du ministre, Nicolas Hulot au printemps dernier. Parti du gouvernement il y a quelques semaines avec pertes et fracas, la question de la réintroduction restait en suspens.

« S’il faut des armes et des fusils pour que notre message résonne aux oreilles de François de Rugy et jusqu’en Slovénie, ils seront sortis ! »

Cette réintroduction de deux ourses de Slovénie sera selon le ministre effectuée au début du mois d’octobre. Le ministère a mentionné, selon Reuters, que le plan Ours bruns de mai 2018, d’un montant de 3,4 millions d’euros, prévoit la protection des troupeaux, l’indemnisation en cas d’attaque, l’amélioration des conditions de vie des bergers et la valorisation de la présence de l’ours, notamment dans le tourisme.

De quoi rassurer les mécontents ? 200 éleveurs se sont réunis en fin de matinée sur la ferme d’Olivier Maurin, l’un de leurs porte-parole, à Asasp-Arros à une cinquantaine de kilomètres de Pau, pour manifester. Ces éleveurs jugent que la cohabitation avec l’ours « n’est pas possible » en raison de « l’absence de garantie sur la protection de nos troupeaux ». Ils assurent qu’en Ariège il y a eu 400 attaques pendant la période estivale.

Tract anti ours diffusé par des éleveurs mécontents.

Un mécontentement qui pourrait se manifester par des actes violents. « Par tous les moyens nous défendrons le pastoralisme et notre droit immémorial à vivre et travailler en montagne. Et s’il faut des armes et des fusils pour que notre message résonne aux oreilles de François de Rugy et jusqu’en Slovénie, ils seront sortis ! » assurent ces éleveurs.

« Dans un Etat de droit, est-il normal que des élus s’opposent au respect de la Loi ? »

Du côté des politiques, Jean-Jacques Lasserre (MoDem), président du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, a regretté que la discussion n’ait selon lui pas eu lieu. « On espérait les prémisses d’une discussion mais la décision était déjà prise. Plutôt que de rétablir la confiance, François de Rugy, atteint de surdité, a voulu faire un exemple » a t-il mentionné sur Twitter. Il est de longue date opposé à la réintroduction.

Il faut dire que les derniers rapports de l’Etat sur les attaques de troupeaux attribuées à l’ours montrent une nette augmentation du phénomène.

Bilan hebdomadaire des dossiers de dommages d’ours reçus en DDT au 10 septembre par la Préfecture de l’Ariège.

« Dans un Etat de droit, est-il normal que des élus s’opposent au respect de la Loi ? Faut-il en effet vous rappeler que la restauration d’une population viable d’ours est une obligation légale de la France en regard de la Directive européenne « Habitats, faune, flore », et ce depuis son vote en mai 1992 ? » répondait le 19 septembre dans une lettre ouverte les associations Ferus et Pays de l’Ours – Adet à l’élu. « La stratégie de l’opposition radicale est un échec depuis 25 ans. En entretenant auprès des éleveurs le mirage d’une montagne sans prédateur, vous ne les aidez pas à s’adapter et vous desservez ceux-mêmes que vous croyez défendre » assure l’association.

« A l’heure de la sixième extinction massive de la biodiversité planétaire, due à nos erreurs et excès passés et actuels, est-il responsable de la part d’élus de s’opposer à la restauration d’une espèce menacée ? » poursuit le courrier.

La tension dans les Pyrénées était montée d’un cran à la fin du mois d’août dans le village d’Etsaut près d’Oloron-Sainte-Marie où les anti-ours avaient jeté des sacs de sang et déposé des cadavres de brebis devant la mairie, favorable à la réintroduction des plantigrades évoque également Reuters.

Bilan et analyse des opposants à la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées.

Les associations spécialisées ont compté au moins 43 ours dans les Pyrénées au début du mois d’avril dernier. Le plan de renforcement de la population des ours a débuté au milieu des années 90.

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