Des scientifiques espèrent qu’un observatoire climatique de l’Himalaya, dont le financement a été réduit il y a quatre ans, pourrait être remis en service début 2019. Les responsables de la station Pyramide de l’Observatoire népalais du climat disent qu’ils sont sur le point de conclure un accord avec le Conseil national italien de la recherche (CNR).
Le conseil a contribué à l’installation de la station près du camp de base de l’Everest en 2006. Mais le financement a cessé en 2014. La gestion des budgets a été mise en cause lors de cette affaire affirme Nature.
« Pour la première fois en quatre ans, je suis extrêmement optimiste quant au sort de la station » déclare Agostino Da Polenza, philanthrope et grimpeur, qui dirige l’association Ev-K2-CNR, un groupe à but non lucratif qui encourage la recherche en montagne et a contribué à la création du Nepal Climate Observatory-Pyramid, un des observatoires climatiques les plus élevés du monde.
Reprendre le travail
Si l’accord est conclu, l’observatoire reprendra la collecte de données sur les processus atmosphériques à haute altitude. Selon les climatologues, ces mesures sont cruciales pour comprendre comment la pollution influence les régimes climatiques.
M. Da Polenza affirme qu’une réunion tenue ce mois-ci entre l’Association Ev-K2-CNR et le CNR pour discuter de l’avenir de l’observatoire a été extrêmement positive, et il espère qu’en mars, des techniciens se rendront à la station pour remettree en marche leurs instruments.
Mais il a refusé de révéler d’autres détails, disant qu’il ne voulait pas mettre en péril un accord potentiel avant qu’il n’ait été finalisé.
« Nous sommes tous convaincus que la pyramide doit reprendre ses activités »
Antonello Provenzale, directeur par intérim de l’Institut des géosciences et des ressources terrestres du CNR à Pise, qui gère le financement des infrastructures, affirme qu’il est trop tôt pour dévoiler les détails du sort de l’observatoire, mais qu’il existe une forte motivation pour rétablir le financement. « Nous sommes tous convaincus que la pyramide doit reprendre ses activités. »
Le Nepal Climate Observatory – Pyramid fait partie du réseau Global Atmosphere Watch, géré par l’Organisation météorologique mondiale des Nations Unies à Genève, en Suisse. Le programme combine des données provenant de centaines de stations dans le monde pour dresser un tableau du climat mondial.
L’observatoire du Népal est parfaitement positionné pour étudier comment le climat de l’Himalaya est influencé par la pollution, telle que les émissions anthropiques provenant de la combustion de la biomasse et de l’agriculture, transportée d’Asie du Sud, explique Paolo Bonasoni, directeur de recherche de l’observatoire et scientifique à l’Institut des sciences atmosphériques et climatiques du CNR à Bologne.
L’observatoire du Népal est l’un des rares à pouvoir mesurer simultanément les aérosols, les gaz et les autres composés
La spécialiste de l’atmosphère Oksana Tarasova, qui dirige le réseau GAW, affirme que divers types de pollution remontent les flancs de la chaîne montagneuse himalayenne. Lorsque la pollution comme l’ammoniac et les oxydes d’azote interagissent avec d’autres produits chimiques en suspension dans l’air et la lumière du soleil, ils créent des composés appelés aérosols secondaires, qui modifient le climat et affectent le temps, dit-elle.
L’observatoire du Népal est l’un des rares à pouvoir mesurer simultanément les aérosols, les gaz et les autres composés, dit-elle. Ses instruments ont montré que l’air qui entoure l’Himalaya passe rapidement de propre à pollué lorsque des impulsions d’air pollué remontent des centres urbains. Lorsque cela se produit avant la période de la mousson, cela déclenche des rafales de condensation de nuages.
Depuis 2014, les membres de l’Association Ev-K2-CNR ont donné de leur temps ou de leur argent pour maintenir l’observatoire à une capacité considérablement réduite. La plupart des instruments ne sont pas utilisés et ont été éteints pour éviter qu’ils ne se détériorent avec les conditions hivernales extrêmes. Il y a moins de deux mois, le groupe craignait de devoir fermer complètement la station, car ses membres avaient du mal à trouver une nouvelle source de financement pour mettre à jour et exploiter les instruments.
« C’est une station importante, rare et un véritable trésor »
La capacité réduite de l’observatoire a empêché les scientifiques d’étudier des problèmes environnementaux complexes, explique Bhupesh Adhikary, du International Centre for Integrated Mountain Development à Katmandou.
Certains chercheurs ont laissé entendre que la surveillance par satellite pourrait combler le manque de données. Mais Adhikary dit que ce ne sera pas suffisant. La détection de la pollution atmosphérique par satellite est encore rudimentaire et la plupart des capteurs ont des problèmes dans les zones montagneuses, dit-il.
« Quel que soit l’outil utilisé pour étudier le problème, satellite ou ordinateur, vous avez besoin d’une validation au sol. »
Tarasova est enthousiaste à l’idée que l’observatoire pourrait bientôt reprendre la collecte complète des données. « C’est une station importante, rare et un véritable trésor dans notre programme » dit-elle.