Mise à jour 27/12/2018 à 18h00 : Colin O’Brady a parcouru près de 1 600 kilomètres en 54 jours, en solo et sans assistance. Cet américain est devenu hier mercredi le premier homme à avoir traversé dans ces conditions extrêmes l’Antarctique.
Colin O’Brady est passé par le pôle Sud le 12 décembre. Il a fini son périple mercredi sur la barrière de Ross, au bord de l’océan Pacifique. « Je suis parvenu à mon objectif : devenir la première personne de l’histoire à traverser le continent Antarctique d’une côte à l’autre, en solo, sans assistance et sans aide » a mentionné Colin O’Brady sur son compte Instagram. L’homme, âgé de 33 ans, est un ancien triathlète professionnel.
Preuve d’une forme étonnante, surtout en fin de parcours, il a parcouru les 125 derniers kilomètres d’une traite. Une section qu’il a parcouru en 32 heures, sans dormir, et en tirant un traineau de 180 kg derrière lui. « Même si les dernières 32 heures ont été certaines des plus exigeantes de ma vie, elles ont, en toute honnêteté, été certains des meilleurs moments que j’aie jamais vécus » a relevé l’américain.
Autre chiffre étonnant : les 15 derniers jours lui ont permis de parcourir les 600 derniers kilomètres entre le pôle Sud et le début du plateau de glace Ross.
Colin O’Brady en 2016 a escaladé en 132 jours les sommets les plus élevés des sept continents
Colin O’Brady avait pris le départ de son expédition du campement d’Union Glacier le 3 novembre dernier. Il était alors en compagnie de Louis Rudd, un militaire britannique de 49 ans.
Les deux hommes tentaient d’être le premier à accomplir ce périple en solo et sans assistance. Ils ont après le départ pris des chemins différents. Le Britannique a un temps fait la course en tête. Mais c’est finalement l’américain qui a franchi la ligne d’arrivée en premier. Louis Rudd se trouve un jour ou deux de l’arrivée, il lui reste encore 80 km à parcourir.
Déjà la polémique
Et déjà la polémique enfle : O’Brady et Rudd ont skié sur une voie depuis le pôle Sud jusqu’à leur ligne d’arrivée connue sous le nom d’autoroute McMurdo-Pôle Sud ou Pole Overland Traverse Road (SPOT). Il s’agit d’un sentier aplati entretenu par des tracteurs tractant de lourdes luges.
Cette voie est utilisé pour transporter le personnel et le matériel de la station McMurdo située au pôle Sud. Des drapeaux tous les 100 m environ facilitent la navigation pendant les épisodes de voiles blancs, et toutes les crevasses ont été comblées par l’équipe de construction de cette voie. Plus important encore pour un skieur, il élimine les reliefs de glace formés par le vent à partir de la neige meuble. Ce sont les sastrugi.
« C’est une autoroute, dit Eric Phillips, guide polaire chevronné, qui double la vitesse d’une personne et annule le besoin de navigation. Une expédition ne peut pas être classée comme une expédition sans assistance si quelqu’un skie sur une route » affirme t-il à Explorers Web.
Si « sans support » signifie sans ravitaillement, « sans assistance » devrait signifier aucune aide extérieure pour faciliter la progression. Pas de cerfs-volants, de chiens ou, de pistes artificielles ou de fanions pour aider à la navigation.
Le record de Borge Ousland ne compte pas
A titre d’exemple, le Norvégien Borge Ousland a traversé l’Antarctique seul et sans assistance en 1996-1997, mais son exploit n’est pas considéré comme sans assistance car un cerf-volant l’a remorqué sur une partie du trajet.
L’utilisation de la route n’annule pas la magnifique performance des deux hommes. Pendant près de deux mois, ils ont enduré le pire que l’Antarctique pouvait leur faire subir, y compris les coups de vent, les fréquents voiles blancs et la neige anormalement pauvre au début qui a nuit à leur progression. Et les 1.000 premiers kilomètres de leur route n’avaient pas de piste pour les guider.
« J’étais en contact avec Colin avant le voyage et il m’a confirmé qu’il descendait le glacier de Leverett, a dit Eric Phillips. « La seule raison pour laquelle les gens descendent le Leverett, c’est parce qu’ils veulent un itinéraire facile qui suit la route. Je lui ai suggéré de prendre le glacier du Kansas… L’itinéraire est magnifique, légèrement plus court mais immaculé. Il n’était pas intéressé. La plupart des expéditions à ski sur l’itinéraire habituel d’Hercule suivent des pistes de véhicules » a-t-il ajouté.
Colin O’Brady en 2016 a escaladé en 132 jours les sommets les plus élevés des sept continents, dont l’Everest. De quoi faire de lui le plus rapide « grimpeur des sept sommets ».